
quelques hommes simples qui servent
d’appât à leur friponnerie.
En suivant la crête de la montagne ,
nous allâmes à l’autre élévation occident
taie , appelée, comme j’ai dit, la Roc-
caccia. Il y avoit également autrefois une
forteresse dans cet endroit , mais on n’en
voit plus que quelques vestiges. Ces anciens
forts ont fait appeler ces deux endroits
Roccone et Roccaccia. Ils étoient
en bon état dans les premiers siècles après
l’an mille, et on prétend qu’ils résistèrent
long-temps à l’armée de Frédéric Bar-
berousse $ mais il les prit enfin, et les
détruisit entièrement.
Une source d’une eau excellente située
précisément au-dessous de la Roccaccia 9
nous invita à y prendre notre rafraîchissement.
Mais un orage accompagné de pluie
et de tonnerre vint troubler notre banquet,
et nous obligea à nous aller réfugier
sous des sapins. Ces arbres nous
garantirent bien peu de la pluie, et par
leur grande élévation, ne nous laissèrent
À u M o n t a m i a t a . ^43
pas'trop tranquilles, eu égard aux tonnerres
qui éclataient et roüloient à chaque
instant au-dessus de nos têtes : malgré notre
inquiétude , nous ne laissâmetfpas de consommer
nos provisions*
Cette forêt de sapins appartenoit autrefois
à la république de Sienne ; mais
lorsque cet état passa au pouvoir du grand
Duc , elle subit la même destinée. Sort
éloignement des villes et de la mer, lé
défaut de rivières navigables et de chemins
commodes j et par conséquent là
difficulté et les frais considérables dé
transport, la rendent bien peu utile à
la Couronne ; c’est ce qui fait qu’on l’a
négligée : de là , il est arrivé qü’un grand
nombre de certes, de charmes et autres
arbres y ont poussés pêle-mêle, et s’opposent
infiniment à la disposition naturelle
qu’ont les sapins à devenir grands
et vigoureux. Si on vendoit aujourd’hui
cette forêt à quelques particuliers, il
seroit très-possible * si ces derniers en
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