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des bacquets , des barils , des pelles de
bois, des manches à bêche , &c. : le
to u t , avec le seul bois de châtaignier
ou de hêtre, et sans y employer ni clou
ni aucune espèce de fer. La plupart de
ces ouvrages sont grossiers et faits à la
douzaine ; mais la modicité du p r ix , et
l ’usage qu’on en fait journellement dans
la province de Sienne , y rendent ces
objets d’un débit toujours certain.
Au-dessus du bourg, sur le torrent
Dono , il y a deux moulins à foulon :
ils servent à préparer les draps grossiers
que les femmes du pays y fabriquent
elles-mêmes pour vêtir leur propre famille
, ou bien pour l’usage de ceux
q u i, occupés aux travaux de la campagne,
les prennent en donnant en échange des
denrées de leurs possessions.
Aussi l’industrie et la grande frugalité
des habitans de l’Abbaye font, que malgré
le peu qu’ils possèdent et même parmi
]es plus pauvres, l’on ne connoît point
cette classe malheureuse et dégradée, qui ?
vivant au jour la journée des aumônes et
des secours des gens charitables, offre,
sur-tout dans les villes, le spectacle triste
et hideux de l’abandon et de la misère , et
plus souvent encore de la paresse la plus
effrontée et la moins pardonnable. Ce bourg
a pris son nom d’une très-ancienne abbaye
de Religieux de Cîteaux, située hors de
son enceinte. Elle fut fondée, dit-on,
dans le huitième siècle, par Rotharis roi
des Lombards. Elle eut de la célébrité ,
s’accrut en richesses et en puissance; et
dans les siècles d’ignorance et de barbarie
, acquit la souveraineté et la juridiction
de plusieurs pays circonvoisins. Il
est à présumer que ces bons Religieux
de l’ancien temps, ne pensèrent qu’à jouir,
et s’inquiétèrent peu de transmettre à
la postérité quelques monumens de leur
puissance et de leurs richesses ; car l’église
et le monastère ne présentent rien de
grand ni de magnifique. Àujourdhui ,
les Religieux de Cîteaux de Montamiata
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