
quittâmes le torrent, et nous marchâmes
vers Castel del piano à travers les châtaigneraies.
Alors nous ne trouvâmes plus
de grès ni de pierres calcaires, mais seulement
des peperini en abondance.
A notre retour , nous passâmes par
St.-Processo. C ’étoit autrefois une église et
un couvent de Cordeliers, il a été supprimé
il y a peu d’années ; mais il est tellement
dégradé, qu’il n’offre plus aujourd’hui qu’un
amas de ruines, et ressemble à un édifice
qui auroit été détruit, il y a plusieurs
siècles, par les Barbares.
Avec un peu plus de modération, et
un peu moins d’envie de détruire, si on se
fût abstenu d’en enlever les matériaux, on
eût pu, à bien peu de frais, en faire un lieu
commode qui eût pu servir de magasin
dans ces châtaigneraies, où les habitations
sont très-rares.
Après dîné nous repartîmes de Castel
del piano , et nous nous avançâmes dans
les châtaigneraies situées au-dessus de ce
lieu, pour en examiner les environs du côté
du midi. Nous y trouvâmes beaucoup de
plantes, sur-tout du côté de la fontaine.
A quelques pas de cette source, au bord
de la prairie, et au commencement des
châtaigneraies, il y a une carrière de
terre blanche, appelée dans le pays ( latte
di tuna ) lait de lune. Nous y fîmes creuser
par un laboureur que nous avions pris
avec nous. Nous trouvâmes d’abord un
lit de terre végétale, et une grande quantité
de terreau brun , rempli et composé de
fragmens de végétaux décomposés, tels
que des feuilles, des branchages, des
ecorces et des racines de châtaigniers.
Immédiatement sous ce lit commence le
lait de lune. C ’est une terre légère, poreuse
, un peu tenace et humide, ce qui
fait qu’on l’en retire en pièces ou mottes.
Elle est d’un beau blanc, quelquefois un peu
tachée de couleur jaunâtre ou brune par le
suc des végétaux pourris et décomposés.
En effet, si on l’expose ainsi tachée
pendant quelque temps à l’air libre et au
soleil, elle s’y dessèche, perd sa ténacité,
et devient extrêmement blanche : signe
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