
Les ardeurs du soleil en été, les pluies,
les orages, le froid, la faim, la soif, toutes
les incommodités des voyages, faits dans
des lieux souvent déserts et presque inaccessibles,
et ia nécessité de beaucoup voyager
à pied pour tout v o ir , sont autant de
difficultés que je surmonte sans peine, tant
par la constitution de mon tempérament,
que par l’espèce de passion que j’ai pour
ce qui a rapport à l’histoire naturelle.
Au surplus, les Toscans, en général,
sont naturellement bons et polis. La manière
agréable avec laquelle ils m’accueii-
loient, dans les lieux où le défaut de res*
sources m’obligeoit à leur demander l’hospitalité
, étoit bien faite pour me faire
oublier, le soir, les fatigues et les privations
de la journée. Combien d’agrémens
n’a pas donné à mes courses la compagnie-
du docteur Savi, ci-devant mon disciple
chéri , devenu ensuite mon adjoint au
jardin des Plantes à Pise.
Je r ai conduit avec moi dans mes voyages
, pour* qu’il apprît à lire lui-même dans
le grand livre de la Nature, et afin d’avoir
quelqu’un de confiance, qui fût capable
de supporter les dangers et les incommodités
de mes courses.
Son excellent caractère, son amitié pour
I n t r o d u c t i o n . xj
moi, les progrès rapides que ses heureuses
dispositions et son application assidue,
lui ont fait faire en peu d’années, sont
autant de titres qui me le rendroient bien
cher, si d’ailleurs il ne m’eût été d’un très-
grand secours dans une entreprise, à laquelle
un seul homme n’auroit pu suffire. Beaucoup
d objets échappent quelquefois ; on se négligerait,
on serait même tenté de tout
abandonner, si on n’avoit un ami qui nous
seconde, et ranime dans nous le courage
et l’émulation.
Ji a partagé ma peine et mes fatigues ;
qu il partage aussi le peu de mérite que le
public voudra attacher à mon travail 1
Au reste , m étant déterminé à publier
mes observations, j’ai tiré de mon porte*
feuille le voyage que j’ai fait à la montagne
de S.-Flora. Comme c’est le premier
de quelque étendue que j ’aie fait en
Toscane , il sera 1 objet de ce premier
volume de mes voyages.
L’exposé de mes recherches, faites depuis
dans un pays plus etenau, et avec ce
soin et cette exactitude, que l’on n’acquiert
que par la pratique et l’habitude d’observer,
eut peut-être donné un aspect plus avantageux
à ma manière d’observer et à mon
travail j mais j’eusse interverti l’ordre des