
volcan qui enfin parvient à la plus grande
élévation.
En cet état, les parois ne pouvant plus
résister à la force et aux secousses des
nouvelles éruptions , sont obligées de
céder $ les flancs de la montagne s entrouvrent
, laissent un passage plus libre
et plus facile aux matières enflammées,
lancées par le volcan, et souvent ces
bouches latérales et inférieures, font cesser
les éruptions du cratère supérieur (*)®
( * ) Tel est dans ce moment l’état du mont Etna
en Sicile. On voit dans ses flancs des cratères nouveaux
et plus petits qui se sont ouverts a differentes
époques , et qui, en détournant le cours des matières
volcaniques , ont éteint le cratère principal qui se
trouve au sommet de la montagne. Le Vesuve offre
aussi des exemples de rehaussemens successifs, et d’af-
foiblissemens de ses flancs que la force du feu intérieur
a fini par faire éclater. Lorsque je le visitai en 1786 ,
on voyoit sur l’ancien sommet où étoit autrefois le
cratère , une nouvelle montagne plus petite, forme©
par l’accumulation de sables volcaniques, de scories,
de lave solide, de petites pierres-ponces ou lapilles *
de sels, de soufre, et d’autres matières provenant
des éruptions multipliées.
D*autrefois, ces parois affoiblies s’écroulent
, s’affaissent , et engloutissent , en
Cette montagne avoit la figure d’un cône tronqué.'
Comme elle n’étoit formée en grande partie que par des
substances incohérentes et mouvantes , et qu’elle étoit
assez escarpée, il étoit fort difficile d’y monter. Le
sommet de ce cône consistoit en une coupe large
et profonde , ou en un cratère entouré de bords
ruineux et éclatés sur quelques côtés ; mais il étoit
un peu aplani du côté où je montai. Il avoit vomi,
quinze jours auparavant, un torrent délavé fondue
et enflammée du côté dégradé et ruiné, opposé à
celui où je me trouvois alors.
En m avançant sur le bord du cratere, je voyois
de temps en temps , dans l’intervalle de quelques
minutes , éclater tout ensemble et s’élever à une grande
hauteur du gouffre par les bouches situées dans le
fond , de la flamme, de la fumee , des terres et pierres
enflammées , accompagnées d’abord d’un mugissement
sourd, et au moment même de l’explosion , d’un fracas
épouvantable semblable à plusieurs coups de tonnerre
qui éclatent tous ensemble. Tel étoit alors le cratère
du Vésuve; et il est resté en cet état jusqu’à la fin
de juin de l’année 1794. L’impétuosité de l’éruption,
qui commença le 15 de ce même mois, fut si violente,
que le flanc occidental de la montagne déjà
affoibli et diminué par les secousses précédentes du
volcan , éclata et vomit par cette nouvelle bouche
un immense torrent de lave enflammée qui est allée