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» contro in un orrendo serpente, e raccoman-
» datosi alla SS. Trinità , l’occise. »
C ’est-à-dire, « le seigneur comte de
» St. Fiora allant à la chasse dans la forêt
» de ce couvent en 1 1 1 5 , rencontra un
» serpent effroyable j il se recommanda à
»la très-Sainte«-Trinité, et le tua.»
Le caracrère, le style et l’orthographe
annoncent que cette inscription est postérieure
de plusieurs siècles à la date
qu’elle indique.
On nous fit voir dans la bibliothèque
du couvent la partie supérieure de la
tête de ce prétendu horrible serpent $
c’est la mâchoire supérieure et une partie
du crâne d’un crocodile, couverte de sa
peau ; mais elle n’a point de dents.
Vraisemblablement elles seront tombées
de vétusté, ou on les aura peut-être
emportées par dévotion, (*) quoique tout
le monde pût voir clairement que cette
( * ) On m’a assuré que l’autre moitié de cette tête
de crocodile se trouve conservée avec soin à Rome
dans le couvent de la Trinité des monts»
tête appartenoit à un crocodile , animal
amphibie, qui 11 a jamais existe en Europe,
et encore moins sur des montagnes et
dans les boisj elle servoit cependant beaucoup
à accréditer le prétendu miracle.
En effet, le peuple q u i, sur-tout le jour
de la très-Sainte-Trinité , se rend en foule
à ce monastère, avoit coutume de baiser
cet ossement avec autant de dévotion
que si c’eût été une relique miraculeuse:
mais les Religieux actuels qui sont raisonnables
et éclairés, et qui sont bien loin dé
vouloir abuser le public, l’ont retiré, et
ont fait cesser par ce moyen cette sorte
de superstition.
Nous parcourûmes après dîner, les environs
du couvent, et sur-tout un très-
beau bois qui forme comme une espèce
de parc tout autour. Nous nous enrichîmes
de beaucoup de plantes et de minéraux,
puis nous reprîmes le chemin de .SV. Flora,
fort satisfait de notre excursion.
Arrivés 1 au pied de la montagne au-dessous
du bourg, nous passâmes la Flora pour
visiter un rocher élevé et isolé qui se trouve