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que l’on chercheroit inutilement dans les
pays de plaine.
Ainsi donc, si Ton fait attention à la robuste
constitution, à la vivacité et à la vigueur
physique et morale des habitans des
montagnes, on sera tenté de croire que
c'est le site qui convient le mieux aux
hommes, et que ce sont les lieux qu’ils
ont commencé à habiter et pour lesquels
ils conservent le plus d’attachement et de
goût.
Les peuplades établies dans les plaines
sont ordinairement nomades, et changent
facilement de demeure -, mais il n’en est
pas de même des montagnards, car s’ils
sont obligés par quelque circonstance de
changer de domicile et d’aller chercher
leur subsistance ailleurs, ils conservent toujours
le désir de retourner dans leur patrie
; s’ils sont obligés de renoncer à cet
espoir, iis sont attaqués le plus souvent de
la nostalgie, espèce d’affection hypocondriaque
causée par l’éloignement du pays
natal, que la seule certitude d’y retourner
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guérit, et qui est un phénomène très-rare
parmi ceux qui ne sont pas nés dans un
pays de montagnes.
Tous ces motifs expliquent la curiosité
que l’on a de visiter les montagnes ; sentiment
qui sans cesse se renouvelle chez
moi à la vue de celle de Montamiata que
j’avois occasion de considérer du côté le
plus beau et le plus majestueux. Je me
déterminai donc à aller la visiter, et je
choisis l’été comme le temps le plus favorable
pour cette excursion , et pour
trouver les plantes dans leur perfection.
En conséquence, je partis de Florence
au commencement du mois d’aout avec
M. D. G aetano Savi -, et arrivés à Pien^a,
nous y préparâmes toutes les choses nécessaires
pour notre voyage.