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vins visiter cette montagne. Je cherchai
beaucoup cet arbre, mais ce fut en vain $
le monument avoit été détruit. Il avoit sans
doute servi, peu de jours auparavant, à
allumer le grand feu de joie que les
habitans de F abbaye ont coutume de
faire chaque année dans la soirée du
14 août sur le sommet du Montamiata.
Ce feu se voit non-seulement de Sienne
et de toute la province Siennoise , mais
encore de pays beaucoup plus éloignés.
C ’est un tribut d’hommage qu’ont impo^
sé les Siennois aux habitans de l’abbaye
St. Salvadore dès le temps où ils étaient
en République, à l’occasion de lar fête
de l’Assomption qui est la plus solem-
nelle de la ville de Sienne, et en consé-*
quence de la possession de la haute montagne
que la République avoit accordé
de préférence sur les habitans de Castel
del piano.
J’étois monté l’année précédente sur
la cime de cette montagne du côté de
l’abbaye où le chemin est plus court
mais
fhais beaucoup plus [escarpé * plus difficile
et plus embarrassé. Nous avions été obligés
de laisser nos chevaux sous les hêtres,
et au moment que nous continuions de
gravir, nous fûmes tout-à-coup environnés
d’un brouillard épais. Notre guide, beaucoup
plus expérimenté que celui de l’autre
année , nous ht tourner à travers les
hêtres et les roches de peperino du côté
de l’ouest i et nous conduisit très-promptement
au sommet. Nous nous étions promis
de découvrir de là une vaste étendue
de pays j mais nous fûmes trompés^ Ce
brouillard importun s’étoit étendu de tous
côtés sous nos pieds, et nous voiloit absolument
la terre. Nous rie voyions se déve*
lopper fort loin au - dessous de nous $
qu’une atmosphère pleine de nuages $
q u i, frappés de distance en distance par
les rayons du soleil, imitoient les ondes
de la mer $ et lorsque la terre venoit à
paroître de temps en temps, lorsque les
nuages laissoient quelqu’intervalle entr’eu%
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