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dont la population peut aller à envhôil
huit cents âmes. Chaque famille de cé
hameau a son habitation en propre, sà
châtaigneraie, souvent un petit champ à
bled, et un peu de bétail. Ils sont pauvres,
mais ils sont indépendans des riches ; et
comme ils vivent frugalement, ils sont
très-contens de mener cette vie rustique et
simple : de manière qu’au milieu de leur
pauvreté, ils se trouvent encore riches et
heureux. S’il y a dans une même famille
plusieurs garçons $ s’il y en a plus d’un
d’entr’eux qui veuille se marier ; comme
la petitesse de la maison ne pourroit comporter
tant de monde, ils sont obligés de
se diviser. Le couple nouveau se bâtit
une habitation nouvelle ; on divise la châtaigneraie
et le champ labourable s’il le
faut, ou bien ces possessions restent indivises
, et on se partage les fruits en
commun.
Il ne manquoit qu’une chose à leur
félicité , c’étoit une église, parce qu’ils
n’en avoient pas de plus voisine que
a u M o n t a m ï a t a . 1 1$
s.‘ Flora qui est leur paroisse. Cette
distance étoit fort incommode pour la majeure
partie d’entr’eu x , sur-tout en hiver*
Mais Pierre Léopold, touché de leurs
justes prières, avoit déjà donné ordre d’y
bâtir une. église paroissiale et un presbytère.
La nouvelle église étoit déjà
élevée à quelques pieds de terre, les Ba~
gnolois eux-mêmes y travaillent alors
avec beaucoup d’empressement et de zèle,
en bénissant l’auteur de cette nouvelle
commodité.
Au reste, les Bagnolols, contens de leur
existence , ont peu besoin de communiquer
avec les habitans des bourgs voisins
, et encore moins avec ceux des
villes.
C ’est ce qui fait qu’avec un grand
esprit de famille, ils ont conservé cette
honnêteté antique , simple et désintéressée
que l’on remarque eu eux au premier
abord, et qui cause une impression extrêmement
agréable à un étranger. Par
exemple, nous fûmes infiniment touchés