
avoir vingt pieds d’élévation, c’est lé
point le plus élevé de la montagne. On
appelle ce rocher le sasso de Maremma ;
peut-être est-ce parce que, lorsque l’on
est monté au haut, l’on y découvre mieux
la Maremma que de tout autre point.
Le peperino , dans ces grandes élévations
, est plus rouge , plus rude, et plus
dur qu’ailleurs. Plus nous avancions vers
la cime, plus les quartiers de cette pierre
paroissoient nus, accumulés et ruinés de
tous côtés. Ces roches culbutées les unes
sur les autres, le désordre et la confusion
de tant de ruines antiques et modernes,
présentoient, du sommet de la montagne,
un spectacle tout à la fois horrible et
majestueux.
Cependant les hêtres couvrent et couronnent
cette montagne jusqu’à sa plus
grande hauteur. Ils insinuent leurs racines
dans les interstices des roches de peperino
ôtent à ce terrain tout le hideux que ces
mêmes roches présenteroient si elles étoient
découvertes, et en rendent l’accès moins
difficile'. Ainsi, ils succèdent immédiatement
à la région des châtaigniers, garnissent
tous les côtés plus élevés de la
montagne , et contribuent , en grande
partie, à rendre le Montamiata majestueux
et beau quand on le regarde de loin.
Les curieux qui montent jusqu’à cette
hauteur , ont coutume de graver leur
nom sur l’écorce de ces hêtres. Ces incisions
pénètrent jusqu’au bois de l’arbre,
et se cicatrisent bientôt ; de manière que
les lettres peuvent très-bien se distinguer
pendant quelques années : mais ensuite,
par l’accroissement de l’arbre, l’écorce se
dilate, les caractères s’élargissent, se défigurent
, et finissent par n’être plus re-
connoissables. Comme la gloire d’avoir
surmonté la difficulté qu’il y a d’arriver
à la cime de cette montagne n’est pas
fort grande, de même le souvenir en est
fort court j et c’est en vain qu’on pré-
tendroit perpétuer son nom par ce moyen.
En effet , j’avois gravé mon nom sur
l’un de ces hêtres en 1788 , lorsque je