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de tournesol, l’autre pleine d’eau de
chaux, et une pièce d’argent bien nettoyée
et bien propre. La solution de
tournesol y acquit une couleur rouge,
l’eau de chaux y devint laiteuse, et la
pièce d’argent y jaunit d’abord, et enfin
s’y noircit tout-à-fait.
J’ai conclu de ces observations, ainsi
que de plusieurs autres que j’ai faites dans
différens temps, que cette mofette n’est
pas simple comme celle de la fameuse
grotte du chien , près de Naples, mais
qu’elle est composée de gaz hydrogène
sulfuré et d’acide carbonique. Ce dernier
, plus pesant que 1 air atmosphérique,
retient la mofette à la distance de deux
tiers de brasse de la terre, tout au plus.
C ’est dans ces mêmes grottes que le
feu docteur Baldonarri crut et assura
avoir trouvé l’acide vitriolique, c’est-à-
dire sulfurique, naturellement en état de
concrétion. En voyant dans ces concrétions
stalactitiformes une infinité de petits
cristaux en forme d’aiguilles, le plus sou-*
AU M O N T A M I A T A. i i
vent humides et acides au goût, et s’étant
assuré que leurs parties acides avoient
véritablement les caractères d’acide sulfurique
, il se persuada facilement que
ces petites aiguilles prismatiques n’étoient
autre chose que de l’acide sulfurique concret.
Il publia cette observation, dont un
étranger a tenté de s’attribuer le mérite.
Elle fut applaudie et réfutée par plusieurs
voyageurs, mais toujours avec prévention
et trop à la hâte.
Sans rapporte? les différentes opinions
des naturalistes qui ont bien ou mal observé
les bains de St.-Philippe, opinions
que je ne trouve point assez satisfaisantes
pour me rendre compte de la formation
de ces concrétions stalactitiformes , sur
l’acide sulfurique qui s’y trouve, et sur
les autres phénomènes de ces environs y
voici l’idée que je m’en suis formée :
Les eaux minérales des bains de St.-Philippe
laissent sur les lieux où, elles passent^
ou bien où elles s’arrêtent, des dépôts
tartareux plus, ou moins solides , et, plus