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tingué par plusieurs Ouvrages très-intéres-
sans. Sans en faire ni l’analyse ni l’éloge,
je me contenterai de parler de ses voyages
en Toscane, imprimés d’abord en six vo lumes
, et augmentés du double dans la
seconde édition qui en a paru.
Les Voyages de Targïoni sont entre les'
mains de tout le monde ; et , quoique
écrits en langue Toscane , ils ont été
recherchés avec empressement par les
étrangers qui se sont fait un plaisir d’apprendre
une langue qui les mettoit dans
le cas d’entendre Targioni. Le principal
objet de ses voyages, avoit été l’histoire
naturelle , pour laquelle Micheli lui avoit
donné beaucoup de goût; mais ce goût
fut balancé dans la suite par celui des mo-
numens de l’histoire et de l’antiquité : car
l’histoire particulière des lieux qu’il a visités
, la partie des antiquités , et d’autres
recherches également savantes, composent
au moins les deux tiers de son ouvrage.
Les Naturalistes auroient préféré sans doute
qu’il eût donné plus de temps et d’attention
aux objets d’histoire naturelle, à laquelle
il paroissoit avoir destiné son travail.
Personne assurément n’est plus pénétré
que moi d’admiration, et n’apprécie mieux
les vastes connoissances, la profonde éru-
I n t r o d u c t i o n v .
dition, et la pureté de style de ce savant
Auteur ; mais il faut avouer , qu’il est
bien loin d’avoir donné une histoire
naturelle complète de la Toscane. Dans
le temps où il écrivoit , cette science
n’étoit pas parvenue au point où nous la
voyons aujourd’hui ; on n’avoit pas encore
jeté les fondemens qui ont servi à la fixer
et à la mettre à la portée de tout le monde.
Lorsque toutes les parties de l’histoire
naturelle eurent enfin des principes stables
et des méthodes sûres , l’Auteur étoit
parvenu à cet âge où on jouit de ses études
, où l’on fait d’heureuses applications
des connoissances acquises,mais où l’on n’apprend
presque plus rien de nouveau. Il étoit
arrivé à cette époque, où l’esprit moins v ivement
affecté, retient plus difficilement ;
et où il en coûte de renoncer aux théories
que l’on s’étoit formées avec beaucoup de
travail, devenues chères par ce motif, et
familières par l’habitude ; le physique fatigué
par une vie trop active, ou par des
méditations trop assidues, demande à cette
époque , une tranquillité et un repos presque
absolus.
Au temps où Targioni faisoit sesvoyages,
la chimie devenue depuis le guide du
Minéralogiste, alors, par l’imperfection de
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