
Cependant notre jeune guide, en nous
précédant avec gaieté, nous conduisit par
le chemin le plus court ; il est vrai qu’il
étoit fort difficile, à cause des roches de
peperino écroulées, et par les troncs de
vieux arbres tombés à terre, qui souvent
nous fermoient presque le passage 5 mais
ces difficultés n’étoient pas assez grandes
pour nous faire rétrograder.
Peu après avoir laissé le Prato délia
Contessa, nous fûmes obligés de descendre
de cheval ; de manière que nous pûmes
nous occuper plus commodément des objets
qui se trouvoient sur le chemin et
dans les alentours. Par ce moyen-là, nous,
nous formâmes une plus juste idée de la
structure de la montagne. Nous la considérâmes
de près, et dans des perspectives
éloignées. Nous l’observâmes de divers
points, toutes les fois que des roches plus
élevées sur lesquelles nous grimpions à
quelque prix que ce fû t , nous le per-
mettoient, ou que quelque clairière parmi
les arbres nous donnoit la faculté d’étendre
notre vue plus loin. Enfin , grâces aux
soins de notre berger, un peu après neuf
heures, c’est- à -dire après environ cinq
heures de marche et de quelques légères
stations, nous arrivâmes à la cime la plus
élevée du Montamiata du coté du couchant
, qui est le moins embarrassé et le
plus accessible.
Le sommet du Montamiata consiste en
une esplanade oblongue qui peut avoir
environ trente-six pieds dans sa plus grande
largeur, sur cent vingt de longueur (*)•
L’herbe y croît, mais il y a si peu de
terre, qu’on voit par-ci par-là paroître le
peperino. Du côté du couchant, on voit
s’élever sur cette plate-forme un groupe
considérable de rochers de peperino rougeâtres
et absolument nus. Ils peuvent
(*) Ferber , dans ses Lettres minéralogiques sur
llta lie , assure que le sommet du Montamiata est un
cratère concave de volcan. L’erreur de ce savant
fait voir combien on est facilement tronapé par les
relations des autres, et combien on doit s’en défier
lorsque l’on ne peut ou que l’on ne veut pas voir
les objets de ses propres yeux,