
L’ai't lie distiller los roses ost très ancien, et c'est eu Perse ([u’il semble
avoir pris naissance. Kæuijit'er, daus ses AmHUiîtfites (1712) (larle avec admiration
des roses de Cliiraz, ot en 1084, époque où ce botaniste visita eo
pays, les distilleries y élaient en pleine prospérité. Dès la fin du XVI” siècle,
l’essence de rose était connue des cliiuiistcs et des apothicaires euro[iéeus.
.Aujouril'bui ou la [iroduit eu France, eu .Vllomague, eu .Angleterre, en
Bulgarie, eu Tunisie ct aux Indes. Les arabes passent pour avoir introduit
l ’industrie de la distillation des Roses en occident.
I.’A’sseure de Rose est une sulistanee d’un jaune plus ou moius pàle,
d'odeur variable suivant sa provenance ; liquide à la lempérature ordinaire,
elle devient solide à une température variant entre 11 et 32 degrés, selon
les sorles. Sa densité varie de 0,815 à 0,890. Elle se compose d’nne essence
oxygénée lluide et d'un sléaroptcne solide, cristallisant en iiyrainides hexaé-
driques tronquées. La quantité de stéaroptène varie avec le pays, de 33
à 08 7". Plus le pays est froid plus ce principe est abondant. C’est un
hydrocarbure de la formule C'* IF ', inodore, qui ue fond qu’à 32“, se volatise
à 130 et bout à 172. Ou l’obtient en dissolvant l ’essence dans le cliloroforme
el en ajoutant de l'alcool (jui le précipite. Ce corps résiste à la plupart des
réactifs, l’acide nitrique bouillant seul le décompose. La partie parluinée de
l’essence, l’iiydrate de carbone liiiuide, est beaucoup moins connue.
Le centre le plus important de la production de l’essence de rose esl la
région des Balkans, la Ronmélie orientale, dans la vallée do la lloiindja et de
la Stréma, afiluents de la Maritza, soit dans à peu près 130 villages ; Karlova et
surtout Kezanlik sont les principaux centres de co commerce. Les Rosiers y
forment de longues haies atteignant au moins la hauteur d’un homme, et
espacées de l'“30 à 2“ . L’espèce cultivée est le R. Damascenu (Rose de } ‘u-
ieo i« ), à forme rameuse, \e R. iilba e t la rose de Constantinople, qui n’est
(ju’une sorte de rosa cjalliea, mais c’est de beaucoup le R. Damascena qui
fournit l’essence de rose des Balkans.
On planle. en fossés, [irofonds de 0 “40, des plants provenant soit de
drageons, soit d’éclals de vieilles souches ; ou fume en plantant avec du
fumier disposé au dessus des racines séparées d’une couche de terre. Les
soins d’entretien consistent en labours d’hiver plus les binages et les sarclages;
au printemps on procède au nettoiement des touffes, on coupe ies tiges
sèches, ou peu vigoureuses. La récolte a lieu dès (¡ue I’epanouissernent esl
effectué. Un lieotare peut produire 3000 kilog. de fieurs, ([ue l’on distille au
fur et à mesure de la ceuillette, c’est-à-dire, le plus tôt possible, ces fleurs ne
se conservant pas.
L’appareil distillaloire, très simple,se compose d’un récipient reposant sur
un foyer de briques ou de pierres ; il a 1 mèlre à 1'" 10 de long sur 0 “ 80 de
diamèlre, puis un col très étroit de 0“ 23 de diamètre et un chapiteau en
forme de champignon duquel part le tube de réfrigération ; ce dernier pénètre
dans une cuve remplie d’eau qu'il traverse obliquement et dans la quelle
arrive un courant d’eau froide amené par une rigole en bois. Un met
dans le rréipient 73 litres d’ean et 10 kilog. de lleurs avec leurs
parties vertes, ou en obtient 10 litres d’eau de ro.se que Ton rodislille une
seconde fois. De 40 litres d’eau de rose on retire par cette deuxième opération
o litres; celte eau do deuxième distillation est blanchâtre,
trouble; c e s t une emulsion, elle s ’éclaircit peu à peu et l’essence vient
surnager dans la région du col, formant à la surface de Teau une couche
luuleuse et jaunâtre que Ton enlève an moyen d’une sorte de petit entonnoir
détail! muni d’un [letit tube latéral. On compte qu’il faut 3,000 kilo»,
de fleurs pour produire 1 kilog. d’essence, ce qui porte la production par
hectare à 1 kiiog. L’essence pure se solidifie à 19" ou 2 0 ” cent, et vaut de
800 a 9.X) fr. le k ilo g ., mais malheureusement elle est souvent fraudée avec
1 huile d e /a /m a roso, appelée essence de Géranium et provenant de plusieurs
espècesde Pelargonium (P . odora/issimum,P. roseum, P. capitatum, elc )
Aux Indes, à Ghazipan, sur le Gange, dans le Lahore, on cullive le
Rosier sur plus de 2,000 acres ; l’essence pure vaut jusqu'à 3 fr. le gramme
mais on la fraude avec le bois de Santal. ’
En Provence, dans les environs de Cannes, de Grasse et de Nice, le
Rosa centifoha, aussi ap p e lé //o sie r ¿e mai, est cultivé pour l’obtentioii’de
1 essence. La rose cnilivée à Grasse est très [lauvre en essence. 1 kilog. de
rosesn'en donne guère qiie37milligrammes, d'où il s’ensiiil ipTil faut près de
to.OOO kilog. de fleurs pour olitenir 1 kilog. d'essence; aussi son prix est-il
fort élevé, 1,800 à 2,000 fr. le kilog. On produit, surtout à Grasse, des ëaux
de rose; .10 kilog. do roses distillées avec 60 litres d'eau donnent eu
moyenne 40 litres d’eau de rose, de qualité courante, au prix de 10 à 17 fr. le
' . f e - . f "es produits encombranis, d’expédition
diflioile; pour celte raisnn on pralii|ue le plus sou v en t/’en//earnÿe des roses,
opération (jui consiste à traiter les fleurs, à cliaud ou à froid, avec certains
corps gras (saindoux, graisse de boeuf, huile d’olive, e tc .), qui en absorbent
essence et servent ensuite à fabriquer des savons, des pommades, etc.
Pour les^plantations on choisit un terrain riclie, profond, que l ’on défonce
à 0 ”73 ; après une bonne fiiinuro, on plante à Ü“33 sur des lignes e spacées
de 1 mètre, ce qui fait environ 30.Ü00 rosiers à Thectare, que Ton
acheté chez dos producteurs spéciaux à raison de 60 fr. le 1,000. Comme
soin, la plantation reçoit par année Irois binages, puis la taille et l'enlor-
ItUage, consiste à courber les pousses et à les enrouler autour des branches
inieneures, de façon à augmenter la production florale. Ce n’est qu’à
a année que la plantation donne une récolte normale et la production
peut se soutenir 14-16 ans. On peut récolter 6,000 kilog. de lleurs par hectare,
que Ton vend aux distillateurs à raison de Ü fr. 73 le kilog., soit 4,300 fr.
de produit brut; les frais de toutes sortes s'élevant à 2,200 fr., il reste donc-
environ 2,300 francs net.
L’hectare de terrain vaut 10,000 francs, el, pour amener la plantation à
bien, on compte une dépense do 3,200 francs, ce qui fait un placement de
plus de 20 “/„. (Annales agronomiques, t. Iti, p. 320).
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