assez remarquable c’est q u e , au dire de plusieurs
ex p lo ra teu rs, on trouve le même idiome répandu
parmi les noirs.
Les Européens qui abordent à Manille et même qui
y séjournent, ne peuvent guère se former une idée
nette de la population vraiment indigène des Philipp
in e s, ni même de l’île de Luçon en particulier.
Dans la ville e t dans ses environs, les étrangers
ab o n d en t: Espagnols, Malais, Chinois, e tc., y sont
confondus, et de là de nombreux m é tis; tout cela
donnant à la population un aspect très-bigarré ; mais
dans les villages de l’in té rieu r, où les maisons sont
construites en bambou et établies sur des pieux, on
retrouve une homogénéité complète dans les habitants.
Ceux-ci seraient les Tagales, auxquels on reconnaît
une grande ressemblance avec les Polynésiens,
bien qu’ils soient d’une taille extrêmement inférieure.
D’après M. Pickering, leu r sta ture m oyenne est beaucoup
au-dessous de celle des Européens.
Nous devons à M. Dumoutier le p o rtrait d’un naturel
de Luçon; c’est celui d’un jeune homme qui
était employé chez un négociant chinois à Batavia.
Nous n ’avons garde de mentionner cette p a rticu la
rité , par la raison que l’origine de l’individu peut
être suspecte. D’après les descriptions que l’on a des
Tagales, il est cependant extrêmement probable que
c’est un individu de cette race que nous avons sous
les yeux.
Dans ce jeune sujet (pl. g, fig. 18), les tra its sont
d é lic a ts, mais il faut tenir compte de l’âge ; le visage
est ovale, le front est de moyenne hauteur et m é diocrement
déprimé ; les yeux sont fort p e tits , ni
b ridés, ni obliques; le nez est presque d ro it, assez
mince, et ressemble à celui de beaucoup d’Européens;
la bouche est p etite, avec les lèvres peu
épaisses; les pommettes ne sont pas proéminentes;
le menton est rond et assez saillant.
Si l’on compare cette tête à celle du Javanais, type
malais (p l. 17, pag. 1 7 9 ), on verra une énorme différence,
et l’on en conclura que les Tagales sont loin
d’être des Malais. Si on la compare aux têtes des
Polynésiens, on y trouvera infiniment plus de re ssemblance,
et l’on en conclura que les voyageurs
qui ont rapproché les naturels des Philippines des
Polynésiens sont dans le vrai. En effet, sans trouver
là absolument le même ty p e , il est impossible de
ne pas reconnaître que l’analogie est grande. La
délicatesse des traits de l’individu de Luçon peut
être un fait tout particulier et auquel on doit d’autan
t moins attacher d’importance que nous avons
affaire ici à un très-jeune homme.
Enfin en comparant notre Tagale aux Carolins,
dont nous avons décrit les traits du visage , la différence
dans la forme générale de la tête et dans la
coupe du visage est bien moindre encore.
Or si le naturel de Luçon, dont M. Dumoutier
nous a rapporté l’em p re in te , est réellement un bon
exemple du peuple de L u ço n , on doit en conclure
que ce peuple appartient à une race très-voisine des
Polynésiens et plus voisine encore des Micronésiens.
Antlivopoloaip.