Royle; voyez, ce qu’il y a dix ans , nous avons exprimé
à l’égard de la faune de cette chaîne de montagnes,
d’après les collections envoyées par Victor
Jacquemont '. Ce sont à la fois des espèces trouvées
ailleurs sur le continent indien et des espèces de nos
climats; la faune de l’Hymalaya e s t , en quelque
sorte, double; pourquoi nous é tonner, d’après cela,
qu’il en soit de même à l’égard de l’homme, et pourquoi
aussi en tirer des conséquences différentes.
Dans ces derniers temps , la partie occidentale de
l’Amérique septentrionale a été explorée par quelques
naturalistes, nous avons été surpris de rencontrer
entre les animaux de cette région une ressemblance
saisissante avec ceux de l’Europe, une ressemblance
peut-être plus grande qu’avec ceux de la Pensylvanie.
Le Dr. Pickering a remarqué que les habitants de
rOregon, plus blancs que les naturels de la partie
orientale de l’Amérique, différaient peu d’aspect des
Européens. Quel est le naturaliste qui ne s’est pas
étonné de voir les productions naturelles de la Nouvelle
Zélande , si différentes de celles de la partie
australe de la Nouvelle-Hollande, situee a une médiocre
distance et par les mêmes latitudes ?
Le Dr. Pickering nous dit: « Rien ne surprend
» autant l’émigrant européen que la différence phy-
» sique entre les naturels de l’Australie et de la Nou-
» velle-Zélande : deux régions situées entre les mêmes
» parallèles ; le changement dans les habitudes est
Voyage de V. Jacgucmont, description des collections.
» également radical. Cette remarque peut être éten-
» due aux autres terres de l’hémisphère sud, qui sont
» très-séparées et sont notées aussi pour leurs pro-
» ductions naturelles très-dissemblables ; car il serait
» diüicile de choisir dans le genre humain quatre
» nations plus différentes que les Australiens, les Po-
» lynésiens australs, les Fuégiens et les Hottentots. »
Ainsi, bien généralement, si les différences entre les
faunes sont considérables, les différences entre les
hommes seront notables aussi ; elles sont légères s’il
y a ressemblance dans les productions naturelles.
Ces rapports se retrouvant constamment, comment
peut-on croire que l’homme n’a pas été créé dans
les mêmes conditions que les animaux qui l’entourent?
Nous pourrions multiplierinfinimentles remarques
sur les analogies de ressemblances et de différences
entre les flores, les faunes et les peuples des diverses
régions du globe; mais, nous ne devons pas l’oublier,
ici notre tâche est de montrer simplement notre
point de départ dans l’étude de l’homme , en ne perdant
point de vue que ce sont les races polynésiennes
principalement qui font l’objet de notre travail.
On assure que les premiers hommes nés en Orient,
ont eu hâte de quitter leur patrie , d’aller ch e rch e r ,
pour y vivre, des lieux inhabités ; que dans les p re miers
âges, les hommes se sentaient dominés par un
impérieux besoin d’aller peupler d’autres pays que
ceux où ils étaient nés.
Instinct delà patrie, vous n’existiez donc pas alors!