semblaient indiquer d’une manière certaine le degré
d’intelligence des races. Les Chinois ont une ressemblance
marquée avec les Malais et une civilisation
supérieure à c eu x -c i, une civilisation supérieure à
celle de la plupart des autres Asiatiques, et cela
depuis une époque prodigieusement reculée. Alors
on compare volontiers cette civilisation à la civilisation
des Européens, et dans cette comparaison, le
plus souvent on amoindrit ou l’on exagère les talents
des Chinois. Toujours est-il que cette civilisation
chinoise a son caractère. On trouve chez ce
peuple une remarquable aptitude au trav a il, une
patience prodigieuse, comme l’attestent divers de
leurs produits industriels et artistiques. Les Chinois
ont inventé beaucoup de choses, mais une fois ces
choses in v en tée s, les idées de perfectionnement qui
tourmentent incessamment les peuples de l’Europe
ne semblent en aucune façon troubler la nation
chinoise. Là to u t se ré p è te , to u t se reproduit p endant
des siècles sans la moindre modification ; la
civilisation de la Chine c’est la civilisation immobile :
la civilisation d’une époque est absolument celle
d’une au tre époque, au contraire de ce qui s’est vu
de to u t temps dans notre E u ro p e , où le mouvement
est le caractère d om in an t, et bien certainement le
caractère d’une grande supériorité. Au sein des civilisations
européennes la rapidité d’exécution est toujours
un b u t; ce b u t n’est à peu près rien pour le
Ghinois.
Dans les oeuvres d’a rt, la différence immense entre
les facultés intellectuelles de la race chinoise et les
facultés qui se rencontrent chez les nations de l’Europe
éclatent à tous les yeux. Voyez cette peinture
chinoise : elle est due à l’un des plus habiles a rtistes
du Céleste Empire ; tout dans cette oeuvre est
de la plus sévère exactitude, rien n’a été négligé
pour qu’elle fût parfaite, le soin, le fini sont poussés
ju sq u ’à la dernière lim ite ; et cependant il lui manque
une chose à cette oeuvre, une chose capitale : les
jeux de lumière n ’ont pas été comp ris, les effets de
perspective n ’ont pas été saisis, il lui manque le
sentiment. Prenez parmi nous une oeuvre comparab
le ; fût-elle très-médiocre d’exécution, vous y
trouverez encore un indice de sentiment ; le peintre
qui disait ; En v é rité , les Chinois ne sont pas
des gens comme n o u s , avait vraiment mille fois
raison '. Dans la culture des sciences qui n’appartien
t qu’au degré suprême des civilisations humaines,
les Chinois n’ont nullement avancé ; c’est que là il
faut, avec l’observation de faits difficiles à suivre,
apporter les raisonnements les plus complexes, qui
nécessitent des efforts d’intelligence dont les Ghinois
semblent être to u t à fait incapables.
En ré sum é , la plus simple observation nous montre
les Chinois comme bien supérieurs à la plupart
des peuples de l’Asie, la comparaison n’est déjà plus
permise avec les nations de l’Océanie, mais aussi
comme bien inférieurs à presque toutes les nations
de l’Europe,
’ Töpfer, Réflexions et menus propos (tmi peintre génevois.