plus encore les Carolins, et déjà assez bien établi
par toutes les données que nous a transmises le
plus grand nombre des navigateurs.
Les crânes des Mariannais, ce qui saute aux yeux
à la première inspection , n ’ont pas la forme pyramidale
de ceux des Polynésiens de l’Est ; le coronal
est notablement plus élargi vers le somme t, et beaucoup
plus dans la forme de celui des Tagales, tout
en étant moins large à en juger d’après les quelques
sujets que nous avons examinés. Cette différence
dans la forme de l’os frontal est à la vérité la seule
frappante que nous ayons observée dans les crânes
des Mariannais comparés à ceux des habitants des
Marquises, des îles de la Société, de Sandwich , de
Tonga, etc. Les proportions entre la hauteur et l ’épaisseur
du crâne, la saillie des os maxillaires, des
apophyses zygomatiques , ne diffèrent pas bien sensiblement.
En ré sumé , les Mariannais appartiendraient à une
race distincte des Polynésiens orientaux, et cependant
très-voisine. A en juger par la forme de l’os
frontal nous serions porté à leur attribuer une in telligence
supérieure à celle des insulaires dont
nous avons déjà parlé.
Les Mariannais, que les Espagnols avaient nommés
les Chamorros, ont des moeurs très-analogues à celles
des Polynésiens, qu’ils ne paraissent pas surpasser
en industrie. Avant les invasions des Européens, ils
construisaient d’élégantes pirogues ; depuis qu’ils
peuvent se procurer de l’extérieur beaucoup d’objets
, ils sont devenus, au rapport de tous les voyageurs
, extrêmement paresseux. Ces insulaires sont
navigateurs, ils se livrent continuellement à la
pêche, ils sont guerriers et réputés anthropophages.
Le séjour des Européens et particulièrement des missionnaires
paraît néanmoins avoir beaucoup adouci
leurs moeurs. Le capitaine Freycinet qui, dans la
relation du voyage de l'Uranie, a donné de nombreux
détails sur les habitudes des Mariannais, se
complaît à leur accorder des qualités que nous aimerions
ne pas craindre d’être au moins un peu
exagérées. Ce navigateur nous déclare qu’ils sont
humains après la victoire, que par-dessus tout ils
tiennent à leur parole, qu’ils sont habitués à ne demander
d’un prisonnier que l’engagement de ne pas
s’échapper, que celui qui ne tient pas sa parole est
mis à mort par ses p a ren ts , s’imaginant être couverts
de déshonneur par un tel manque de foi.
Enfin, Freycinet regarde les Mariannais comme
très-bien doués sous le rapport des facultés intellectuelles
, comme ayant beaucoup de facilité pour s’instruire
, une grande aptitude dans les travaux manuels
et dans l’étude des lettres et des beaux-arts.
On ne peut douter que le célèbre navigateur ne
se soit laissé entraîner de ce côté à une remarquable
exagération. Si les Mariannais sont mieux doués que
les Polynésiens orientaux, comme nous le pensons
d’après l’inspection des crânes, il faut bien dire que
c’est là une nuance, comme l’atteste pleinement
l’état de civilisation de ces insulaires.