leur caractère le plus frappant, ajoute-t-il, est leur
teint fuligineux.
Au contraire, le docteur Pickering signale chez les
Vitiens l’absence de formes gracieuses; il nous dit
avoir observé une teinte pourprée dans la complexion
des Fidgiens, particulièrement lorsqu’elle contrastait
au soleil avec le feuillage vert. Le même auteur signale
aussi chez ces insulaires la brièveté du cou
comme une particularité frappante.
Voyons maintenant ce que vont nous fournir les
matériaux recueillis par M. Dumoutier ; nous avons
plusieurs bustes et plusieurs crânes.
Quatre empreintes de têtes, deux d’hommes et
deux de femmes, ont été prises à l’île Balaou ou Oba-
laou. Les deux hommes sont d’un âge mûr, quarante-
cinq à cinquante ans, suivant l’appréciation de M. Dumoutier.
Ils ont la face large , massive, le nez court
et assez é p a té , formant à peu près le quart de la
hauteur totale du visage, comme chez les Polynésiens
orientaux. En ré a lité , lorsqu’on vient à comparer
les têtes des Vitiens à celles des Kanaques ou
habitants des Marquises, à celles des Hawaïens, des
Samoans, e tc ., en faisant abstraction de la couleur,
on ne trouve pas de différence très-frappante. Les
Vitiens ont de même la bouche grande et les lèvres
épaisses, mais non pas épaisses et saillantes comme
chez les nègres d’Afrique. Ces hommes sont aussi
assez bien pourvus de barbe, comparativement aux
autres insulaires.
Les têtes des deux jeunes femmes (pl. 5) semblent
appartenir à un type bien inférieur ; le nez est proportionnellement
beaucoup plus court et plus écrasé,
les lèvres plus épaisses avec la bouche plus petite,
le front plus déprimé.
En comparant les crânes des Vitiens à ceux des
Polynésiens dont il a déjà été fait mention, on trouve
des différences palpables. Dans les deux sujets représentés
par M. Dumoutier (pl. 33), on voit de suite
que la boîte crânienne est bien plus étendue en arrière
, que les os maxillaires sont plus saillants. En
effet, si nous mesurons la hauteur du crâne de l’apophyse
mastoïdienne à la partie médiane de la suture
du corona l, nous obtenons une longueur d’à
peu près un cinquième moindre que celle fournie
par la mesure prise de la partie la plus saillante du
frontal à la suture de l’occipital. C’est donc une différence
bien notable avec ce que nous avons vu chez
les insulaires de Gambier, de Taïti, de Tonga, etc.
La mesure prise de l’apophyse mastoïdienne à l’extrémité
du maxillaire supérieur, excède aussi l’espace
compris entre les deux arcades orbitaires. Le
front est plus déprimé et plus bas ; de telle sorte
q u e , vu par devant, il affecte une forme moins pyramidale
; mais entre la hauteur et la largeur il y a
peu de différence.
De cet examen, on serait conduit à regarder les
Vitiens comme inférieurs, sous le rapport de l’intelligence,
aux habitants des îles de la partie orientale
de l’océan Pacifique ; aussi ne sommes-nous pas peu
surpris de les trouver dépeints dans les relations de