Ici les difficultés s’accroissent pour l’anthropologiste
à raison des races différentes répandues sur les
mêmes terres. Néanmoins, nous pensons devoir re connaître
d’abord dans la Malaisie, c’est-à-dire aux
îles P h ilippines, aux îles Moluques, à Célèbes et aux
îles de la Sonde , un type malayo-polynésien.
D’après toutes les données que nous avons pu re cueillir,
les Malayo-Polynésiens, dans lesquels nous
pensons qu’il faut compter les Tagales des Philippines
, plusieurs tribus des Moluques, les naturels
de l’intérieur de Célèbes, que le voyageur anglais
Dalton assimile aux Dayaks de Bornéo ' ; ces derniers
et d’autres nations de cette grande île, ainsi que la
population de l’île Bali et une partie de celle de Sum
a tra , les Malayo-Polynésiens ressemblent aux P o lynésiens
par leurs caractères physiques ; ils ont une
stature moins élevée que ceux-ci, plus que celle des
Malais, le visage moins massif que les Polynésiens,
le nez court et a p la ti, les yeux également petits et
n o irs, les lèvres moins épaisses. Chez les Malayo-Polynésiens,
forcés d’en ju g er par un trop petit nombre
de sujets dont l’origine, à nos y e u x , n ’est pas encore
suffisamment authentique ; le c râ n e , très-analogue à
celui des Polynésiens, est néanmoins plus élargi vers
le h a u t; le coronal affecte un peu la forme pyramidal,
mais à un degré beaucoup moindre que chez
ces derniers. Ces Malayo-Polynésiens, bien plus im parfaitement
connus que les Polynésiens, très-voisins
1 In Moore’s papers on the indian Archipelago.
de ceux-ci sous le rapport anthropologique, ont aussi
des m oe u rs, des coutumes très-aoalogues, et cependant
on leu r attribue une civilisation supérieure ;
l’a rt de l’écriture paraît être répandu chez un grand
nombre d’entre eux ; mais aussi on est porté à considérer
leu r espèce de civilisation comme due à leur
contact avec les Malais. Les Malayo-Polynésiens sont
regardés d’une manière assez générale comme les
véritables indigènes de la Malaisie, et du moment
qu’on ne retrouve exactement le même type dans
aucune autre partie du m o n d e , il y a lieu de croire
q u ’il en est ainsi. Néanmoins, la présence d’une race
noire dans l’in té rieu r de la plupart des grandes îles
de la Malaisie, est aussi de nature à faire penser que
les noirs étaient les habitants p rim itifs, et que les
Malayo-Polynésiens sont les descendants d’une race
venue du dehors. A raison de leurs caractères anthropologiques,
on ne peut to u rn e r les yeux que vers les
Polynésiens ; et malgré la ressemblance entre les uns
et les autres, comme des particularités propres à tous
les Malayo-Polynésiens semblent les distinguer positivement
des Polynésiens, il est à peu près impossible,
selon nous, d’admettre que les premiers soient
les descendants des derniers.
Si les observations ultérieures viennent confirmer
notre o p in io n , il faudra admettre de toute nécessité
que les archipels de la Malaisie ont é té , dès l’origine,
occupés par des hommes appartenant à deux types
fort semblables, les Malayo-Polynésiens et les noirs
ou les Papous ; quand on songe qu’il existe aux îles