des Choses. Ces abus de la force, ces tortures infligées
à des êtres si près de nous par leur organisation,
n’en seront jamais moins des faits des plus
condamnables. L’homme (lui suit le sentiment de sa
conscience, de ses instincts quand ils sont restés
p u r s , éprouve naturellement une peine à voir souff
r i r , ’ à voir souffrir même le pins chétif animal;
qu’e’st-ce donc s’il s’agit d’un être presque absolument
semblable à lui?
Oui, celui qui s ’ e m p a r e d’un homme comme d une
chose,’ le soumet à sa volonté, le to r tu re , est nécessairement
un être dont tous les instincts sont
pervertis, un être tombé jusqu’à l’un des derniers
échelons de la dégradation morale.
Mais revenons au point scientifique, dont nous ne
voulons jamais nous écarter longtemps.
Admettre l’unité spécifique de l’homme et ses va-
riations purement comme le résultat des circonstances
extérieures, c’est en quelque sorte annihiler
la science de l’anthropologie. Si l’homme est u n , il
ne s’agit plus que de déterminer les causes qui sont
de nature à le modifier ; et ces causes devant être graduées
insensiblement, il n’y a même plus lieu de
vouloir caractériser des races ou des variétés devant
se confondre les unes avec les autres.
En admettant au contraire que chaque région a ses
habitants propres comme elle a ses végétaux et ses
animaux particuliers, la science anthropologique
prend des proportions immenses. Chaque détail,
chaque distinction observée devient un fait capital,
propre à nous faire comprendre de mieux en mieux
le rôle des différents peuples de la terre.
Pour ces raisons , il nous était donc indispensable
de montrer notre point de départ dans nos études
sur l’homme. C’est par localités que nous voulons
procéder, en réunissant autant de faits que possible
sur les individus d’un pays pour les comparer à ceux
des pays voisins, et ainsi de suite pour les habitants du
globe entier. Ge sont les recherches poursuivies dans
cette direction qui nous paraissent devoir conduire
un jour à une connaissance sérieuse du genre humain.
Dans notre travail, nous n’avons à nous occuper
que d’un certain nombre de peuples. Avec les matériaux
que nous possédons, nous poursuivons noire
tâche dans la direction qui nous paraît devoir être
préférée. Si des caractères distinctifs nous ont frappé
dans nos comparaisons, étant énoncés d’une manière
précise, les observations ultérieures les corroboreront
ou en détruiront l’idée de généralité. Si des caractères
faiblement indiqués nous ont paru de faible
importance, étant de même nettement formulés,
les observations ultérieures s’ajoutant aux nôtres,
ou laisseront ces cai actères au plan que nous leur
avons assigné ou relèveront leur importance, et
sans aucun doute , dans un avenir plus ou moins
rapproché, on sera fixé relativement aux caractères
anthropologiques de chaque [leiiple et relativement
aux limites des différences individuelles.