Trois crânes de Tongans sont représentés dans Fat-
las de M. Dumoutier : celui d’un homme de Tongatab
o u , ceux d’un homme et d’une femme recueillis
dans des sépultures abandonnées sur la côte de l’île
Vavao.
Ces crânes, comparés à ceux des autres Polynésiens,
comme les Mangaréviens, les Taïtiens, etc.,
leur ressemblent par la forme générale; c’est bien le
même type. Les proportions de la boîte c rân ien n e ,
la saillie des apophyses zygomatiques, des os maxillaires,
e tc ., nous semblent identiques. Vues de face,
les têtes de Tongans s’élèvent de même, un peu en
forme de pyramide. S’il était possible de s’en rapporter
à l’exemple fourni seulement par quelques
sujets, nous dirions que cette forme est un peu
moins prononcée chez les Tongans que chez les
autres Polynésiens. Dans les sujets recueillis par
M. Dumoutier, le coronal a aussi un peu plus de
largeur ; la largeur de l’os frontal l’emporte notablement
sur la hauteur.
Si le caractère observé ici sur quelques individus
appartient à la plus grande masse des habitants de
l’archipel des Amis, il deviendra évident qu’il existe
un caractère anthropologique pour distinguer les
Tongans de leurs voisins de l’est, et que ce caractère
traduit une supériorité relative d’intelligence.
Les Tongans sont regardés généralement comme
les hommes les plus industrieux parmi les Polynésiens,
comme les plus avancés en civilisation. « Une
» preuve de leur supériorité, dit Prichard, c’est qu’ils
» ont des termes pour exprimer des nombres aussi
» élevés que cent mille, tandis que les Australiens ne
). peuvent compter jusqu’à dix ou â peine cinq. »
Au lieu de construire leurs cases écartées les unes
des autre s , disséminées sous des massifs d’a rbre s ,
comme les autres Polynésiens, ils les établissent près
les unes des autres, en forment des villages avec des
barrières construites de bambous et de roseaux entrelacés,
limitant des rues étroites. D’un autre côté,
on remarque que ce genre de construction leur a sans
doute été indiqué par les villages des noirs des îles
Viti; pourtant ces peuples, en général, ne semblent
pas avoir beaucoup le sentiment de l’imitation. Ils
ne savent guère profiler de l’industrie des autres pour
perfectionner la leur. Les îles où les Européens sont
établis depuis longtemps en fournissent une preuve
assez manifeste.
M. Jacquinot nous assure que les armes en la possession
des Tongans leur viennent des îles Viti, et
néanmoins il ajoute q u e , malgré de fréquentes communications
entre les habitants des deux archipels ,
les mélanges sont extrêmement rares. Du res te,
M. Pickering assure aussi qu’une infinité d’ustensiles
en usage aux îles des Amis proviennent de leurs voisins
les Altiens.
Une coutume singulière chez ces insulaires, comme
chez beaucoup d’Australiens, est de se couper une
phalange du petit doigt et quelquefois de l’annulaire.
D’après les recherches de H umboldt, la langue des
Tongans serait celle des autres Polynésiens, avec des