envahissantes étaient toujours peu nombreuses comparées
aux populations envahies, et les mélanges ont
dû toujours être fort restreints. C’est avec raison,
selon n o u s , que M. Jacquinot remarque combien a
dû être insensible l’influence des armées conquérantes
sur les peuples conquis.
On cite avec plus de justesse les colonies. Sans
doute des colons se sont établis sur différents points
du globe ; leurs enfants nés sur le sol d’élection de
leurs pa rents , n’ayant pas d’autre p a t r ie , s’y sont
trouvés fixés à jamais, et dans plusieurs contrées, ils
en sont venus à détruire les indigènes; les deux Amériques
en sont le grand exemple. Mais, avant la découverte
de l’Amérique, quelle avait été l’importance
des colonies, et là oû elles ont existé, n ’esl-il plus
possible d’en retrouver l’indice? C’est le contraire
que nous croyons.
Depuis les temps historiques, tout le monde est
d’accord pour admettre que les différents peuples
n ’ont pas changé. On reconnaît dans les Grecs le
même type que celui reproduit par la statuaire plusieurs
siècles avant l’ère chrétienne. Il en est de
même des Romains. Dans les momies égyptiennes,
on retrouve aussi les caractères physiques des habitants
de l’Égypte moderne. On sait que les nègres,
que les Chinois, d’il y a trois mille ans, avaient les
mêmes traits et la même coloration que ceux d’aujourd’hui.
Ainsi les caractères des races se sont perpétués
de siècle en siècle sans altération sensible.
Tout récemment, M. Serres ayant obtenu plusieurs
crânes gaulois de l’époque druidique, a constaté, de
ce côté encore, la persistance du type qu’on retrouve
aujourd’hui L
Selon quelques-uns, comme M. Ge rd y , les mélanges
entre les races seraient la cause véritable de
toutes ces nuances qu’on observe dans le type humain.
Or, ici encore, comme M. le docteur Jacquinot, nous
pensons que les mélanges ne sont presque rien relativement
à la masse, et que les hybrides produits des
races les plus différentes dans le genre h uma in , ne
présentent jamais les caractères des peuples d’aucun
pays; que jamais le métis d’un Européen et d’une négresse,
d’une Européenne et d’un nègre, c’est-à-dire
le mulâtre, ne présentera les caractères d’un Mongol
ni d’aucune autre race.
Est il douleux que les mélanges aient lieu entre
des peuples voisins, dont les caractères différent cependant.
Non, sans doute. Dans les grands centres
de population de notre Europe, oû affluent une foule
d’individus qui y sont étrangers, les mélanges deviennent
manifestes, et l’on a de la peine souvent à y
démêler un type principal, au contra ire , de ce qui
se voit presque partout ailleurs. Mais que 1 on
songe à combien se réduisent ces centres de la civilisation
oû ont pn s’opérer ces mélanges, déjà limités
aux races les plus voisines les unes des autres; on
le v e r ra , c’est bien peu de chose comparativement à
la masse des individus qui peuplent le globe entier.
' Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1853.