» sans relig io n , étrangers à l’agriculture , pouvant à
. peine c om p te r jusqu’à cinq, lorsque, suivant Gall,
» la pie elle-même peut compter jusqu’à n eu f, dé-
« périssant chaque jour et ayant aujourd’hui presque
» disparu comme ces animaux imparfaits que l’on
» retrouve dans le sein de la terre; peut-on, dis-je,
.. les comparer, l’organisation physique même étant
» mise à p a r t, avec ces peuples sé r ieu x , réfléchis,
» habiles dans tous les a r ts , ayant découvert toutes
» les sciences, jouissant de tous les bienfaits du luxe
.. et de l’industrie, pleins de patriotisme et de fierté,
,, qui aiment et qui savent respecter les lois avec
,> passion, suivant l’expression de Montesquieu ? N’y
. a-t-il pas là des différences profondes et immuables
» qui suffiraient peut-être à elles seules pour fonder
» des classifications bien définies et profondément
» limitées ' ? »
N’importe à quel point, de vue on étudie le genre
humain, si l’on examine sérieusement les faits, l ’esprit
dégagé de pensée autre que celle de reconnaître
ia v é r ité , on arrive nécessairement à la même conclusion,
tant les différences entre les races humaines,
soit physiques, soit intellectuelles, sont souvent palpables.
Lorsque les connaissances anthropologiques
seront devenues plus profondes, on sera à coup sûr
bien surpris de l’ancienne opinion voulant l ’unité du
genre humain et sa division en trois ou quatre
variétés ou ra c e s, les jaunes ou les rouges et les
' Rev?ie des Deux-Mondes , 1854 (15 m a i) , p. 791.
blancs et les noirs. Dn reste, cette surprise s’est faite
déjà dans plus d’un esprit. « Le premier blanc qui vit
» un n è g re , a dit Voltaire, d u t être bien étonné ;
1) mais le raisonneur qui m’assure que le nègre vient
» du blanc m’étonne bien davantage. » Avec la pensée
que chaque contrée a ses populations humaines particulières
distinctes des populations des autres ré gions
du monde, on arrivera, à n ’en pas douter, à
étudier p a rto u t l’homme avec le soin nécessaire.
Successivement, on précisera d’une manière comparative
les caractères anthropologiques de chaque
ra c e , on reconnaîtra ses variétés locales, l’étendue
de ses modifications naturelles ; puis les moeurs, les
coutumes, les in stin c ts, le degré d’intelligence des
peuples étant observés, puis leurs langues étant
rap p ro ch ée s, l’histoire du genre humain sera la plus
grande histoire et l ’histoire la plus philosophique dont
on puisse concevoir la pensée. Les peuples industrieux
à divers d e g ré s , les peuples ignorants à tous
les degrés, p ortant des marques distinctives dans
leurs caractères p h y siq u e s, ces distinctions qu’on
ne peut parvenir à reconnaître que par des recherches
minutieuses et multipliées, deviennent un
champ d’étude à la fois immense et magnifique.
Pourquoi notre monde est-il habité par des
hommes doués de diverses manières? Il sera peut-
ê tre toujours impossible d"en comprendre le b u t, le
fait n ’en restera pas moins tout entier. Toujours la
diversité dans l’unité au sein de la nature.
Esl-il pour cela permis aux plus favorisés d ’écraser