devraient, après un certain laps de temps, prendre
les caractères du type africain. Or est-il un naturaliste
qui voudrait prétendre que des Français ou des
Anglais, établis en Afrique et ne s’unissant jamais
aux indigènes , deviendraient, après d ix , q u in z e ,
vingt générations, plus ou moins semblables aux
hommes des races noires ? Qui oserait supposer que
des habitants de la côte de Guinée, transportés dans
notre p a y s , donneraient des descendants qui se
confondraient avec ceux de la race Gauloise?
EL cependant, si l’on admet l’unité spécifique de
l’homme et ses modifications, comme le résultat des
circonstances extérieures, il n’y a pas à hésiter ; il
faut dire que des Chinois, placés en Europe et ne se
mélangeant pas avec les habitants de cette c o n tré e ,
p e rd ra ien t, après quelques générations, les caractères
qui les font reconnaître si aisément ; que les
descendants de nègres, mis dans les mêmes conditions
, deviendraient blancs, avec des lèvres minces,
avec un front haut et plan, un nez mince et proéminent.
En s’attachant à cette idée d’unité spécifique de
l’homme, il faudrait dire: Les Anglos-Saxons, déjà,
depuis plusieurs générations, occupent la plus grande
partie de l’Amérique septentrionale ; ils y ont remplacé
les indigènes, si différents sous tant de rapports;
eh b ie n , encore un peu de patience, les influences
qui avaient façonné les premiers habitants de l’Amérique,
tels qu’on les a trouvés, vont agir nécessairement
de la même manière sur les nouveaux Américains;
et dans quelques siècles, les visages pilles
seront devenus eux-mêmes les peauæ-rouges. Allons,
les Delawares, les Sioux, les Pawnees e tc ., ont été
anéantis, mais un jo u r , inévitablement, leur type
revivra dans les arrière-petits-fils des Anglo-Saxons,
fixés aujourd’hui sur le même sol, sous le même climat
, subissant toutes les mêmes influences.
Quand on entendra les naturalistes, partisans de
i’opiuion que le genre humain n’a eu d’autre berceau
(}iie le centre de l’Asie, accepter ainsi la conséquence
de l’idée à laquelle ils s’a tta ch en t, alors au moins
les partisans de l’idée contraire auront à combattre
des assertions nettement formulées, à la place des
idées métaphysiques qu’on rencontre dans la plupart
des ouvrages d’Anthropologie.
Alors, nous pourrons leur répondre que si l’expérience
n’est pas encore faite partout depuis assez
longtemps, de façon à ne laisser place à aucun doute,
que déjà une expérience assez décisive s’est accomplie
parmi nous depuis une série de siècles.
Les juifs dispersés par le monde, malgré les faibles
différences qui existent entre eux et les Européens,
ont toujours conservé leur physionomie. Malgré l’usage
de la lan g u e , les habitudes , le co s tume , les
manières des peuples auxquels ils se sont associés ;
malgré, enfin, tout le déguisement possible, on re connaît
encore dans la foule une figure juive. Oui,
leur physionomie s’est conservée comme chez ceux
(|iii n’ont jamais quitté la -ludée. Le cai’actère moral
n’a |)as changé non plus.