Le centre et le nord de l’île sont occupés par des
tribus encore fort peu connues, qu’on appelle Tu-
rajas. Ce so n t, suivant Crawfurd, des sauvages
extrêmement barbares , analogues aux Dayaks de
Bornéo, les uns et les autres appartenant à ces tribus
désignées habituellement sous le nom de Alforas ou
de Haraforas. Ce fait est confirmé par Bafles.
Les naturels qui habitent le nord-est de l’île sont
regardés aussi par les résidents hollandais comme
des Alforas.
Selon l’opinion générale, ces Alforas sont 1er. véritables
autochthones; il y a bien des raisons pour
croire qu’il en est ainsi.
Toute la partie méridionale de Célèbes est habitée
par une nation qui porte le nom de Bugis ou Bughis.
Une civilisation, qui daterait de lo in , est attribuée
à ce peuple. L’art d’écrire et une certaine littérature
y sont répandus depuis longtemps. On peut voir à ce
sujet les détails donnés par Crawfurd'. Les e thnographes
signalent deux dialectes se rattachant aux
langues malayo-polynésiennes, comme étant répandus
dans la partie sud de Célèbes. La langue des
Bughis , d ’après le docteur Leyden ^ , aurait une
grande affinité avec celle des Battas de Sumatra, et
c’est dans le livre de cet auteur qu’il faut chercher
les renseignements les plus étendus en ce qui concerne
ce sujet.
Malgré leur espèce de civilisation , les Bughis sont
1 History of the indian Archipelago.
’ On the Languages and Literature o f the Indo-Chinese nations.
réputés anthropophages; ils mangent, assure-t-on,
leurs prisonniers de guerre.
Néanmoins la culture est pratiquée parmi eux
depuis une époque qu’on ne saurait préciser. Leur
est-elle venue par les Javanais? Diverses circonstances,
diverses analogies de noms ou de mots
semblent indiquer que des Javanais ont été établis à
Célèbes. L’opinion la plus répandue e s t , du r e s te ,
que tous ces Malais sont les descendants d individus
originaires du continent indien.
Entre tous ces Malais, il semble néanmoins y avoir
certaines diiférences bien appréciables; malheureusement,
dans l’état actuel, il est hors de possibilité
de les déterminer d’une façon rigoureuse.
Labillardière décrit les naturels de Célèbes comme
ayant dans leurs traits quelque ressemblance avec
les Tartares et les Chinois; ce qui, ajoute-t-il, leur
est commun avec les Malais'. Un voyageur anglais
que nous avons déjà c ité, George Windsor Earle,
regarde les Bughis comme des colons de Singba-
poore : «Ils o n t, dit-il, une grande ressemblance
,, avec les Malais ; mais comme h o n n ê te té , comme
» énergie de c a ra c tè re , comme conduite générale,
» ils ont sur eux une grande supériorité »
Ainsi ces voyageurs, réservant sans doute la qualification
de Malais aux habitants de la partie orientale
du continent in d ie n , accordent aux naturels de
Célèbes une grande ressemblance avec ces derniers,
‘ Voyage à la recherche de Lapeyrouse.
® The Eastern seas or Voyages in thè indian Arrhipelago.