entière de l’archipel d’après trois individus appartenant
à la même classe et ayant vécu dans les mêmes
conditions ? C’est vraiment impossible.
En effet nous savons qu’il y a aux Mariannes des
distinctions de castes très-déterminées. On en compte
trois qui existaient avant la conquête par les Européens
: les matous ou les nobles, lesatchaots ou demi-
nobles et les mangatchangs ou les gens du peuple.
Suivant Freycinet, qui nous a transmis le plus de
détails sur ces insulaires, les matous sont les véritables
chefs du pays ayant tous les autres sous leurs
ordres. De nouvelles distinctions existent sous le
rapport des occupations individuelles ; il y a les Ma-
kanas qui ne sont autres que des sorciers remplissant
une sorte de sacerdoce; puis les guérisseurs
et guérisseuses, ces dernières étant même en beaucoup
plus grand nombre que les premiers ; les constructeurs
de pirogues, qui sont toujours des m atous;
ceux-ci a ttachent dit-on la plus grande importance à
cette fonction dans laquelle ils mettent un extrême
amour-propre à faire preuve d’habileté ; les atchaots
admis à les seconder, tandis que de sévères règlements
empêchent les mangatchangs d’y jamais p re n dre
pa rt; il en est ainsi encore pour la profession
militaire et la pêche maritime.
D’après les différences signalées ici et qui existent
d’une manière plus ou moins prononcée dans la
plupart des archipels de la Polynésie, on comprend
combien il devient nécessaire pour se faire une idée
d’une population, d’être à même d’observer des individus
appartenant aux différentes classes. Souvent
ils peuvent être de races dissemblables ; ceux qui se
considèrent comme les chefs, comme les nobles,
peuvent être dans bien des c a s , des é trangers, des
envahisseurs, des conquérants. Il faut remarquer
que Freycinet, en louant les formes et la régularité
du visage des insulaires mariannais, a eu en vue
principalement les chefs ou au moins ceux des deux
premières classes, sur lesquels l’attention des voyageurs
se trouve attirée pins ordinairement.
Le docteur Dumoutier, dans son a tla s , a représenté
quatre crânes de Mariannais; deux proviennent
d’un ancien ossuaire chamorros et les deux autres
d’ossuaires modernes. Pour ces derniers on peut naturellement
concevoir quelques craintes à l’égard du
type, puisqu’on sait que les îles Mariannes ont, outre
la population indigène, une population composée
d’étrangers qui a donné lieu à quelques mélanges.
Cependant ic i , entre les crânes anciens et r é c e n t s ,
nous ne remarquons aucune différence que nous
puissions ne pas considérer comme simplement individuelle.
Ces crânes , dès le premier a b o rd , nous semblent
loin d’être identiques à ceux des Polynésiens de
l’Est, savoir les Mangaréviens, les Hawaïens, les
Tongans, etc. D’un autre c ô té , ils nous offrent
une grande ressemblance avec les crânes des Tagales
des Philippines. Fait conforme à ce que nous
croyons déjà évident pour les traits du visage, en ce
qui concerne non-seulement les Mariannais, mais