VOYAGE AU POLE SUD.
monde , Ironverait une preuve considérable dans cp
fait.T
outes les te r r e s , à bien peu d’exceptions p r è s ,
ont été trouvées peuplées, les climats les plus froids,
aussi bien que les parties les plus brûlantes de la
zone torride. Penser que des hommes ont pu quitter
des pays fertiles, déjà couverts d’habitants, pour aller
chercher des solitudes placées sous les climats si difficiles
à endurer pour ceux qui ne sont pas nés sur le
sol même, n’est-ce pas compter pour rien tous les
instincts de rhomme ? Demandez aux Grecs et aux
Italiens, s’ils auraient le moindre désir d’aller peupler
on la Finlande , ou la Sibérie, ou le Kamtschatka.
Il est bien certain que l’homme peut vivre sous
des climats tout autres que celui du pays où il est
né. Gependant, est-il avéré qu’une colonie de lapons
ou de samoyèdes transplantée au centre de l’Afrique
s’y perpétuerait? Est-il hors de doute que les habitants
du Gabon, transportés au Labrador ou dans
l’île de Terre-Neuve, ne succomberaient pas, eux ou
leurs en fan ts , sous l’iniluence du climat.
Le Dr. Glot-Bey, qui a passé une partie de son existence
en Egypte, nous assure q u e , dans ce pays , il
est impossible aux étrangers d’y élever leurs enfants
malgré tous les soins possibles L Plusieurs personnes
qui ont vécu aussi sur cette terre des Pharaons et
des Ptolémées, nous ont garanti le même fait, en
nous citant des exemples d’Européens qui ayant eu
' Apeir/i généra! s?ir rfignple.
ANTIIROPÜLÜGIE. O/
une nombreuse postérité n’avaient pas réussi à conserver
un seul rejeton.
Un fait de cette nature est bien propre à donner
à penser que les habitants d’un pays ne sont pas organisés
pour v i v r e absolument dans toutes les régions
du globe.
Dira-t-on qu’il est nécessaire de s’acclimater;
mais si les enfants qui naissent en Egypte, de parents
français, italiens ou anglais, succombent rapidement,
il paraît difiicile que l’acclimatation puisse
jamais avoir lieu.
M. le Dr. Boudin qui s’est beaucoup occupé de
l’hygiène des armées, a réuni une foule de documents
qui montrent des faits extrêmement curieux. Ainsi
l’on s’imagine généralement que les Européens envoyés
en Afrique et dans l’Inde sont vraiment acclimatés
quand ils ont passé un certain nombre d’années
dans ces contrées. La statistique de la mortalité,
dans les armées françaises en Afrique et clans les
armées anglaises de l’Inde , donne un résultat diiié-
rent. D’après ce que nous assure M. Boudin , la mortalité
devient d’autant plus considérable que les
hommes sont depuis plus longtemps dans le pays ;
d’où le savant docteur conclut, qu’il y a avantage à
renouveler souvent les troupes envoyées hors de
l’Europe.
Tous ces résultats semblent bien prouver que les
races humaines sont destinées par la nature à rester
chacune sur son propre sol.
On objectera, nous le savons, que les hommes