navigateurs. Les Mariannais sont, comme le plus
grand nombre des Polynésiens, des hommes d’une
force athlétique et d’une corpulence bien supérieure
ù celle des Européens ; le fait nous est assuré par un
missionnaire, le Père Gobier, et ensuite par Freycinet
qui a séjourné assez longtemps dans cet archipel L
Le premier, qui regarde les Mariannais comme plus
semblables aux Tagales des Philippines qu’à tout
autre p eu p le , dit qu’ils sont d’un brun plus clair
que ces derniers; le second leur trouve «des visages
régulie rs , quelquefois même gracieux, plutôt chez
les hommes que chez les femmes. » On sait que
les femmes, comparées aux h omme s , sont to u jo u rs ,
dans ces races h uma ine s , dans un état d’infériorité
physique bien marqué. Le D’' Ja cq u in o t, qui considère
tous les Polynésiens comme formant un peuple
homogène, retrouve dans les Mariannes le type des
habitants des Carolines et dans celui-ci un rameau
de la race polynésienne.
Il va sans dire que tout ceci ne s’applique qu’aux
naturels. Les îles Mariannes sont une colonie espagnole
; le séjour des Européens a produit en assez
grand nombre des métis qui naturellement l’emportent
sous le rapport des formes physiques sur les
indigènes. En o u tre , des Tagales, des Chinois, des
Carolins, des Ha-waiens sont établis parmi les Mariannais;
ce qui a donné lieu à un certain nombre
de mélanges dont il faut tenir compte et qu’il est né-
Voyage de l'Uranie.
cessaire de mettre à part pour l’étude des véritables
habitants. Cet envahissement d’hommes étrangers à
l’archipel est si considérable, que Freycinet pense
que la race aborigène est loin de former aujourd’hui
la majorité de la population des Mariannes. Cette
assertion paraît bien être l’expression de la vérité
en ce qui touche la capitale, le siège du gouvernem
e n t , Agagna, mais non pas les autres points de
l’archipel.
Nous devons à M. Dumoutier les empreintes du
visage de trois hommes de l’île de Guam, à peu près
de l’âge de quarante à quarante-cinq ans : ce sont
des p ê ch eu rs , des hommes de la classe inférieure qui
à coup sûr sont loin de donner une idée avantageuse
des individus de leur race. Ces trois hommes se ressemblent
au plus haut degré ; ce sont les mêmes
t r a i ts , la même forme générale du visage, disons-le,
la même laideur. En comparant ces têtes à celles
des Carolins de Nougounor, que nous devons également
à M. Dumoutier, on est frappé d’une différence
énorme tout à l’avantage de ces derniers. Ces Mariannais
ont des pommettes bien plus saillantes, le
nez plus irrégulier, le front plus rejeté en a r r iè r e ,
les lèvres plus épaisses et plus proéminentes, le
menton plus court, la barbe plus r a re , en un m o t ,
tous les signes d’une infériorité relative des plus
manifestes et d’une race distincte.
Que conclure d’après cela cependant des Mariannais
, comparés aux Carolins et aux autres Polynésiens?
Comment apprécier le type de la population