Plus on entre dans l’étude de l’homme suivant les
contrées qu’il h ab ile , plus on sent que les caractères
anthropologiques des divers types, des diverses races,
des diverses variétés pourront un jour être précisés,
quand on sera parvenu à réunir un nombre de matériaux
assez considérable, quand on possédera de
chaque partie du monde des séries de sujets dont
l’origine aura été rigoureusement déterminée. Le
résultat de la comparaison entre les têtes des habitants
delà Malaisie et des Polynésiens, ces deux types
dont l’analogie est si grande, au premier abord, que
plusieurs voyageurs n’ont voulu reconnaître qu’un
seul ty p e , là où nous en voyons au moins deux ou
trois parfaitement distincts.
Dans l’état actuel, malheureusement, on craint
sans cesse de généraliser , vu le petit nombre
d’exemples qu’il est possible d’avoir sous les yeux.
Nous décrivons la tête d’un naturel des Moluques ;
naturellement nous la comparons aux quelques tètes
de Bughis, de Tagales, etc., et d’individus d’autres
races, que nous avons sous les yeux; mais est-il
possible, cependant, d’après cela, de se faire une
idée de la population entière de l’archipel des Moluques?
Non, certes. Plusieurs voyageurs nous disent,
à la vérité, que la masse de la population est homogène
, qu’elle appartient au type malais ; mais,
d’auü-es déclarent qu’il y a des individus de races
différentes. Selon un navigateur anglais, le capitaine
F o r r e s t , les habitants des Moluques sont de deux
sortes : les uns, mahométans, appartenant au type
malais, ayant de longs cheveux et la peau d’une couleur
cuivreuse ; les autres , appartenant au type des
Papous, confinés dans l’intérieur. De telles assertions,
qui ne sont pas établies sur des faits nombreux
bien observés et bien décrits, sont de nature à
jeter dans un grand embarras.
Après l’assertion du capitaine Forrest, on se demande
naturellement si les Moluques n ’ont pas été
peuplées primitivement par des P a p o u s , ce que la
situation de ces îles si rapprochées de la Nouvelle-
Guinée et de l’île Waigiou permettrait d’admettre aisément
et, dans ce cas, si les Alalais mahométans, qu’on
voit aujourd’hui sur les côtes, ne sont pas seulement
les descendants de Malais venus du continent comme
de la péninsule de Alalacca. On sent tout l’intérêt qu’il
y aurait à ce que des voyageurs explorassent ces contrées
au point de vue de l’anthropologie, en général
si négligée dans les explorations scientifiques et maritimes.
IL E S C É L È B E S .
Crânes, pl. 38.
Les Célèbes, situées à l’ouest des Moluques, se
composent d’une grande île , remarquable par sa
forme irrégulière, et de quelques îlots placés dans le
voisinage.
Célèbes est regardée comme le point de la Malaisie
où a pénétré d’abord la civilisation , qui s’est étendue
plus tard sur d’autres îles de la Malaisie.