13« VOYAGE AU l’OLE SUD.
Ainsi, d’après les faits acquis à l’égard des naturels
de Timor et des îles adjacentes, ce sont des
Malais, avec quelques Papous et des métis sur un
petit nombre de points.
M. Dumoutier nous a rapporté de Timor l’em-
preinte d’un seul individu ; c’est précisément un
jeune homme de la ville de Coupang. Or s’il est dangereux
de généraliser avec la connaissance d’un seul
fait, il serait bien plus dangereux encore de généraliser
avec un fait dont l’origine est douteuse.
En effet, ce sujet n’est peut-être pas un pur Malais
; en tous c a s , il ne ressemble guère au Javanais
(pl. 17, fig. 1) représenté par M. Dumoutier; et l’on
nous dit d’ailleurs, comme on l’a vu, que les naturels
de Timor et des îles de la Sonde se confondent à peu
près. Le jeune individu de Coupang dont on voit le
portrait dans notre atlas, paraît avoir une analogie
très-marquée avec les Papous , ainsi qu’on peut en
juger en le comparant à l’individu représenté sur la
même planche.
C’est une tête c o u r te , anguleuse, avec les pommettes
saillantes; le nez co u rt, écrasé et très-élargi
vers le b a s , d’une forme plus semblable à la vérité
à celle du nez des Malais que des Papous; la bouche
est médiocrement grande , avec des lèvres très-
épaisses.
En résumé, nous pensons avoir sous les yeux
l’image d’un croisement de races différentes. En tout
cas, ce seul exemple serait totalement insuffisant
pour permettre de caractériser plus nettement le
ANTHROPOLOGIE. i iii)
type des naturels de Timor qu’on ne l’a fait jusqu’ici.
M. Dumoutier a représenté trois crânes de Timo-
riens ; nous n’avons pu les voir en n a tu r e , et nous
ignorons dans quelles circonstances ils ont été re cueillis
, ne les trouvant pas mentionnés sur le catalogue
de l’anthropologiste de l’Expédition au pôle
Sud et dans l’Océanie.
Ces têtes (pl. hh , fig. 1 à A) présentent entre
elles des différences notables. Dans l’une, donnée
comme celle d’un natif de Tjanjor, on retrouve la
forme pyramidale de la tête des Polynésiens orien -
taux; il nous serait bien difficile de préciser une
différence entre ce crâne et celui de plusieurs Polynésiens
que nous avons précédemment examinés,
notamment ceux des Tongans. Chez notre Timorien,
le coronal est peut-être proportionnellement un peu
plus la rg e , mais c’est ici une simple nuance. Dans
ce su je t , les apophyses zygomatiques sont extrêmement
saillantes. Entre la hauteur du crâne et son
étendue d’avant en a r r iè re , on trouve là encore les
mêmes rapports que chez la plupart des Polynésiens.
Aussi ne pouvons-nous nous défendre d’un doute,
que nous n’avons pu éclaircir, touchant l’origine de
cette tête.
Un second individu (fig. 3 et A) offre bien mieux
le type malais. La tête, vue par devant, présente tout
juste l’indice, mais seulement l’indice de cette forme
pyramidale qu’on remarque chez les hommes de la
race malaise. Le coronal est sensiblement plus large