U Astrolabe et la Zélée ont abordé à Samboangan, à
l’extrémité méridionale de l’île de Mindanao. M. Dumoutier
y a recueilli quelques crânes dans un ossuaire
moderne. Deux têtes de femmes sont rep ré sentées
dans son atlas. C’est la même forme générale,
les mêmes proportions, les mêmes caractères que
ceux que nous avons trouvés dans les têtes des naturels
d’Amboine et de Célèbes. La ressemblance est
si g ran d e , qu’on hésite à chercher une différence.
Ces exemples que nous avons sous les y eu x , si peu
nombreux qu’ils so ie n t, suffisent déjà pour attester
l’existence d’une race d’hommes assez homogène ré pandue
à Célèbes, aux Moluques, aux Philippines.
Les crânes provenant de Mindanao (pl. AO, fig. 1-
2 et 5 -6 ) , comme ceux de Célèbes (pl. 38, fig. 1
et 2 ), et d’Amboine (pl. 38, fig. 5 -6 ) , comparés à
ceux des autres peuples de POcéanie, se font rem a rquer
par la brièveté de la fa c e , par la largeur plus
grande du coronal et par la saillie des pariétaux. Dans
les sujets des Philippines, le coronal, considéré par
d ev an t, semble avoir une tendance à la forme pyramidale
un peu plus prononcée que chez ceux d’Amboine
et de Célèbes que nous avons mentionnés. Dans
les uns e t les autres le co ro n a l, vu de profil, est déprimé
au même degré ; mais dans les individus des
Philippines que nous avons sous les y eu x , la saillie
des os maxillaires est sensiblement plus prononcée.
Toujours est-il qu’entre les crânes des hommes des
Moluques et des Philippines la ressemblance est des
plus manifestes et la différence des plus minimes.
Remarques générales sur la Malaisie.
C’est avec toute raison que M. Serres regarde les
nations de la Malaisie comme très-embarrassantes
en anthropologie En e ffe t, soit que Ton considère
l’ensemble de cette portion du m o n d e , soit que l’on
considère isolément chaque a rc h ip e l, même chaque
grande île, on trouve des peuples différents. P a r to u t,
aux Moluques, à Célèbes, aux îles de la Sonde, aux
Philippines, il y a des Malais en plus ou moins grand
nombre, qui, d’après la plupart des observations, se
ressemblent au plus h au t degré, et qui semblent ê tre
les descendants de colons ou d’envahisseurs venus
du continent.
Puis il y a de ces trib u s paraissant avoir une
grande analogie avec les Polynésiens , dans leurs
coutumes, dans leurs caractères physiques et devant
former un type intermédiaire entre les Polynésiens et
les Malais, tels que les Dayaks de Bornéo, les naturels
de Célèbes, les Battas, Rejanghs, Lampoungs, etc.,
de Sum a tra , les Tagales, Bissayas, etc., des Philippines
, e tc ., nations dont il serait bien intéressant
de déterminer comparativement les caractères anthropologiques.
Si ces peuples ressem b len t, à beaucoup d’égards,
’ Rapport sur les collections anthropologiques du voyage de
l’Astrolabe et de la Zélée. Comptes rendus de l’Académie des
Sciences.