§ 1 -
TRAVERSÉE D E TOULON A GIBRALTAR.
G i
Avril
(82i;.
Avant le départ de T o u lo n , nos montres furent journellement
comparées à la pendule de l'observatoire de la m an n e ,
et ce fu t au moyen de ces comparaisons que leur état sur le
temps moyeu du lieu et leur marcbe diurne furent définitivement
fixés. Le n» 38 de Motel fut celui dont uous fîmes usage
daus cette première traversée.
Pour la position de l’observatoire de T o u lo n , nous avons
julopté les ordonnées suivantes ;
Mai
I82G.
et.
43” 7' 23" latitude N.
. 3 35 27 longit. E.
I I
Le 2 mai à sept heures du m a tin , nous mimes en panne à
fieux milles au nord de la petite lie Alboran , pour faire notre
première station géographique. A cette distance, la sonde nous
donna 55 brasses de fo n d , gros sable mele de fragments de
coquilles et de corail rouge.
Cet ilot paraît être entièrement sam de tous c o te s , et n oitre
qu’un petit rocher près de sa poiute orientale. Le sol en est très-
bas entièrement ras et dénué de grande végétation. Des points
blancs et nombreux, disséminés sur sa surfa ce, indiquaient
probablement autant de goélands sur leurs oeufs.
Nos observations ont placé le centre de cet ilot
par 35“ 56' 3o" lat. N. et 5” 22' 3o" long. O.
%\
De Toulon à Gibraltar, l’action des courants a été modérée
et variable. Dans les premiers jours, leur direction a paru suljor-
doiuiée à celle du vent lui-même; mais en approchant du
détroit, leur action nous portait au N.E., bien que le vent soufflât
du S.E. à fE.N.E. Au reste, ce fait n’est qu’une suite assez
naturelle de la direction habituelle des courants du détroit,
dont l’action doit continuer assez avant dans la Méditerranée
tout en s’affaiblissant par degrés.
Le jo u r suivant, nous arrivâmes devant l'entrée du détroit
dc Gibraltar. Là nous fûmes accueillis par les vents de l ’Ouest,
qui ne cessèrent de souffler avec plus ou moins de force jusqu’au
6 juin. Durant 18 jours entiers, je m’obstinai ,à lutter
contre les vents et les co u rants , dans l’espoir de franchir dans
un moment plus favorable ce pas difficile. Profitant de risées
passagères du S.E. et de l ’E s t , il m’arriva quelquefois de pénétre
r fort avant dans le détroit; une fois entre autres, le 11 mai,
j ’avais réussi à dépasser Tarifa de près de trois n u lle s, lorsque
des grains irréguliers du N .O . , joints aux co u rants , me renvoyèrent
promptement daus la Méditerranée.
Dans ces diverses tentatives, guidé par l’espoir de tro u v e r ,
suivant l'opinion la plus généralement re çu e , près des deux
rives un contre-courant dirigé de l’Est à l’O u e s t, j ’avais soin
de les hanter du plus près qu’il m’était possible, souvent à
moins de cinquante ou soixante toises de distance. Mais je dois
déclarer que m êm e , à cette petite distance de la cô te , je n’ai
jamais observé de contre-courant sensible. L ’action du courant
général était très-affaiblie et quelquefois nulle ; mais jamais elle
n’a porté la corvette dans l ’Ouest. Il est probable pourtant
qu’un fort vent d’E st suffisant, comme on le sait, pour neutraliser
quelquefois le courant g én é ral, pourrait aussi en déterminer
un contraire près des deux rives du détroit.
Voyage de l'A strolabe. ^ ¿ ja
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