Jo in
I8'>7.
iit
M
Dans les 24 heures les courants nous avaient portés de 12 milles
daus le N .O .
A 6 milles, dans le N .N .O . de l ’ile L a iu é , est l’ile Yau-
villiers, c|ui jieut avoir une lieue de circuit. Nous prolongeâmes
ces 4 dois à uue ou 2 lieues de distance; ils paraissent sains,
et sont répartis dans l ’intervalle des 7 lieues cjui séparent l ’Ile
Brltannia d’une seconde ile considérable, dontnous dl.stiugulons
la partie S .E . depuis 11 b eure s, et â laquelle nous donnâmes
le uom d’ile C h a b ro l, eu mémoire du ministre qui avait
accueilli le projet du voyage de XAstrolabe.
Le c ie l , couvert depuis le m a t in , se noircit de plus eu
|)lus; enfin, des grains chargés d’une brume très-épaisse et de
pluie se succédèrent â fréquents intervalles, et nous contrarièrent
beaucoup dans la navigation a faire au travers de ces
des inconnues. Dans la crainte de tomber inopinément sur
la terre ou sur quelque ré c if ign o ré , je mettais en panne
au plus fort d’un g ra in , puis je faisais route dès que lliorizon
s’étendait un peu devant nous. Ce mauvais temps dura toute
la journée. Toutefois de courts intervalles, où le soleil jia ru t,
permirent à M. Jacquinot d’observer la latitude et la longitude.
A 2 heures 1/2, nous nous trouvions entre les iles Bouclier
et Vauvilliers, laissant la première à 2 lieues sur trib ord , et
l ’autre à une lieue à bâbord; elles gisent E. 1/4 N .E . et
O . 1/4 S .O . , l’une par rapport à l’a u tre , et sont distantes
de 12 milles.
Continuant notre route vers le N . O ., nous vînmes passer a
moins de 2 lieues à fE . de la pointe orientale de l ’ile Chabrol,
promontoire avancé en forme de péninsule, et couronné d uu
massif de pins, ce qui nous fa fait nommer cap des Pins.
Nous prolongeâmes la côte orientale de cette île â 4 ou
5 m’dles de distance, et malgré la brume épaisse qui uous
masquait souvent la vue des terres, nous reconnûmes que
cette île était plus élevée, [ilus montiieuse, et beaucoup mieux
boisée que Britaiiiiia.
A 5 ou 6 milles au N .O . du cap des Pins, et â la suite de
la pointe Daussy, se trouve un vaste et profond enfoncement
(la baie Cbâteaubriand), qui offrirait sans doute uu bon abri
contre les vents du S .O . , mais où l’on serait complètement
exposé aux houles et aux vents régnants de l’E.
Ajirès cette baie, la côte remonte droit an N . l’espace de
10 milles, et vient former le cap Bernardin, pointe N .E . dc
l ’ile , et qui se trouve à 8 lieues dans le N. 28° O. du cap
des Pins.
A 6 heures du so ir , nous trouvant à 6 milles dans fE . du
cap Bernardin, nous diminuâmes de voiles, et serrâmes le
vent tribord amures pour ne pas dépasser cette pointe durant
la nuit.
Au soir le ciel s’éclaircit et la nuit fut belle.
Le 17, dès 4 heures du matiu, à l ’aide d’une jolie brise de
l ’E ., nous laissâmes porter sur le cap Bernardin dont nous
n’étions qu’à 7 milles, et à 6 heures 18 minutes nous commencions
à prolonger la partie septentrionale de l’ile Cb ab rol,
à moins de 2 milles de distance.
Partout la côte est taillée à pic, sauvage, et revêtue seulement
de buissons, d’arbrisseaux et de quelques bouquets de
cocotiers ra b o u g r is , semés çà et lâ dans les ravins. Nidle
apparence d’hommes ni d’habitations. Sur la partie du N .E . ,
les longues boules du S .E . viennent briser avec fureur le
lon g de ces falaises abrup te s, et quebjuefois elles ont réussi â
saper leurs fondements. Mais dès que nous eûmes dépassé le
cap N., qui reçut le nom de cap Escarpé , uous voguâmes sur
une mer calme et unie.
A la station des angles hora ires, 8 heures a3 minutes, nous
étions précisément sur le méridien , et à moins d’une lieue au
Voyage de lAstrolabe. 79