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m'avait mis dans le cas de former un nouveau plan de campagne
susceptible, à mon avis, de rendre à la Géographie des
services ])his signalés, surtout plus étendus, que le voyage de
la Coquille. En e fic t, s’il y a du mérite à fixer d’une manière
satisfaisante les positions eu longitude de divers points du
g lolic , en combinant avec les résultats qu’offrent les montres
marines j>ar ie transport du temps , ceux que l’on déduit
immédiatement d’un grand nombre de distances lunaires, sans
doute il est plus important encore de tracer avec précision de
longues étendues de côtes presque inconnues, ou d’explorer
avec soin quelques-uns de ces archipels, dont on ne connaît
guère que les noms des iles cpn les composent. Dans tous les
ca s , cette dernière tâche est bleu autrement difficile, autrement
périlleuse que la première.
Bien convaincu de cette v ér ité, dès le mois de ju in i 8î 5 , je
présentai à M. de C b a b ro l, ministre de la marine , un nouveau
projet de campagne dont les principales opérations devaient
avoir pour but l ’exploration des côtes de la Nouvelle-Zélande,
de la Nouvellc-Bretagne, de la Kouvelle-Guinée et des îles 'Viti.
Les diverses branches de l'histoire naturelle devaient y être
étudiées comme dans les voyages de ï Uranie et de la Coquille.
Le m in is tre , qui était un homme à idées larges et généreuses
, et qui sentait que de pareilles expéditions sont des titres
de gloire pour ceux qui les encouragent, donna son approbation
à mon projet ; il le pré-senta au roi sous un jou r favorable ,
et le commandement de la Coquille me fut confié vers la fin
de i8 2 5 ;m a is , en mémoire de l'infortuné Lapérouse, et pour
éviter de confondre par la suite deux expéditions bien différentes
l ’une de l’autre , ce navire échangea son nom contre
celui de l’Astrolabe.
La campagne de P Astrolabe a duré trois années, e t, durant
ce long espace de tem p s , ce navire a tour à tour essuyé toutes
les épreuves, tous les dangers que peut offrir une pareille navigation.
To ute fois, comme on peut s’en convaincre par la lecture
des instructions qui me furent remises à mon d ép a r t, l’A s trolabe
a rempli le mandat périlleux qui lui était imposé. Jl
n ’est qu’une seule partie de ces instructions à laquelle nous
avons dù renoncer; et tout homme qui porte un coeur français
sentira combien étaient impérieux les motifs qui causèrent celle
lacune. Toute ma vie je regretterai de n’avoir pu visiter les
côtes méridionales de la Nouvelle-Guinée, mais le modeste monument
laissé sur les rives sauvages de ’Vanikoro sera mou excuse.
En outre, malgré fé ta t déplorable où se trouvait l ’équipage de
l’Astrolabe en quittant cette île de funeste mémoire , uous
eûmes encore la satisfaction de recueillir des documents utiles
à l ’hydrographie, sur les îles Carolines, sur le détroit des Mohi-
ques et la partie septentrionale de l ’île Célèbes.
M. Jacquinot, second capitaine de l’expédition, n'a cessé de
remplir à bord de l’A strolabe les fonctions d’astronome, aver
cette a ctivité, ce zèle et cette admirable constance, qui constituent
les principaux traits de son noble caractère. J’ai pensé que
des observations aussi délicates offriraient plus de su ite , d’ensemble
et d harmonie, et par conséquent plus de confiance,
si elles étaient exécutées, durant tout le cours du voyage, par
la même personne, au lien d’être faites tour à tour par divers
observateurs, comme cela s’était pratiqué fréquemment.
A notre retour en France, M. d eR o sse l, digne appréciateur
de ce genre d’opérations, dernier reste de cette illustre école de
navigateurs, parmi lesquels brillèrent Bougainville, Lapérouse,
d’Entrecasteaux, F leurieu, Borda, Chabert; M, de Rossel, dis-
j e , après avoir soigneusement examiné les travaux hydroora-
phiques de l A stro la b e , voulut bien m’adresser, ainsi qu’à mes
compagnons, les éloges les plus sincères sur leur mérite comme
sur leur étendue. Ces travaux lui inspirèrent même un tel inté-
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