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E n fin , à 6 lieures 11 minutes du s o ir , désespérant de prendre
connaissance de l’ile filate avant la n u it, et le ciel prenant
un aspect de |)lus en plus sin is tre , on prit le bas ris aux huniers
, et l’on vint sur tribord, le cap au N., pour nous éloigner
de la côte.
Dans la nuit du 15 au i6 , le vent l'raicbit de plus en plus en
restant à l ’E.; nous faisions route vers le N.; mais vers 4 heures
(lu matin 11 devint de plus en plus v io len t, en passant au N.E.,
puis au N . , de sorte (|iie nous uous trouvions affalés dans le
fond de la baie de l ’Abondance, avec une tourmente violente,
une ¡jlnie par to r ren ts , une Jiier horrible et un horizon t e l ,
(pi’ou ne voyait ¡las à un câble du navire. Nous étions toujours
tribord amures, sous le grand hunier et le petit foc.
Le i6 , à 6 heures 3o minutes du matin, on vira lo fp o u r loi,
eraignant l’ile Plate et la cote O. de la baie; l ’évolution était â
peine terminée (pie le vent sauta subitement au N . , toujours
.ivec la force de fo u ra g a n ; les rafales se succédant presc|ue
sans in terruption, et faisant incliner le navire d’une manière
inquiétante. Le petit fo c , d'une toile toute neuve, fut emporté,
et les deux poulies d’écoute du grand hunier cassèrent à la fois;
on établit un coin de la voile d’étai de cape, et 1 on resta bâbord
amures, avec une mer affreuse , ne voyant pas à une longueur
de n a v ire , sachant que nous étions engollés et que nous dérivions
sur la côte sans rien apercevoir.
Vers lo heures du matin, la pluie cessa d’être continuelle, les
paquets de brume que llio r izon chassait horizontalement commencèrent
à s’é c la irc ir , le veut plus régulier resta grand fr a is ,
la mer toujours affreuse. On commençiait à pressentir la fin de
la to u rm en te , lorsqu’à 11 heures 3/4 , je découvris tout-à-coup,
presque droit devant nous et sous le v en t, un brisant sur lequel
la mer déferlait d’une manière épouvantable, en s’élevant
à 4o ou 5o pieds de hauteur. Au même instant ou v it , par
notre travers et à une encâblure au |ilus, un je t de brisaril: que
nous dépassions à peine.
Le péril ne pouvait être plus imminent, et il n’y avait jibis à
hésiter; au riscpie de uous engloutir sous une voilure fo r c é e ,
je mis dehors les basses voiles, les huniers au bas r is , l'a rtimon,
le foc d’artimon et le p etit foc. A midi juste, nous eûmes
le bonheur de voir les brisants sous ie vent à n ous, dépasser
notre travers à la distance de moins de trois câbles ; c a r , à
partir du navire , c’était la troisième lame qui brisait dessus.
Eu même temps, à midi, on aperçut la terre élevée de l'ile
Mayor.
Dans l ’après-midi le vent mollit en passant à l’O . , et la mer
devint moins mauvaise.
A 6 heures du soir , on reconnut parfaitement l ’ile Blanche
à FE. 3o° S . , et File Mayor à FO. 3o° S. (du compas.)
Si l’on réfléchit aux circonstances de cette navigation depuis
36 heures, on sentira que notre tra va il, relativement à la baie
d’Abondance, ne mérite ]>as la même confiance c[ue dans
les autres parties de la Nouvelle-Zélande que nous avons explorées.
Le 17 , la journée fut belle , mais le v en t, établi à FO., nous
réduisit à courir des bordées pour nous rapprocher des terres
de la baie Mercure.
A midi nous primes celle du S., et au coucher du soleil nous
reconnûmes distinctement le piton de File Touhoua (ile Mayor)
dans le S .S .O ., et à 8 ou 10 lieues de distance. Au -de là , et
comme une ligne de brume lé g è r e , se distinguaient aussi les
montagnes élevées de la côte.
Le 18, au jo u r , nous aperçèimes l ’Ile Touhoua dans le S.S.O.,
et les principaux Aldermans. Les calmes et les folles brises d’O.
ont continué de s’opposer à notre marcbe; tou tefois, â 6
heures du s o ir , nous étions parvenus sur le méridien de la
62.
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