Seulement la masse des eaux équatoriales, constaïunieilt
quoique lentement diminuée à la surface par l'effet considérable
de la vaporisation, peut, à mon a vis, donner lieu à un
mouvement ascensiouel, lent et con tin ue l, des eaux inférieures
vers la surface. A leur tour, celles du fond ainsi déplacées seraient
rem[)lacées par les ondes qui arriveraient des latitudes
plus élevées,également établies à la température de 4°,4- C'est
ainsi que l’on doit entendre ce que j ’ai voulu exprimer [lar
courants des pôles vers l’équateur; ce serait [ilutôt un transfert,
presque eu masse et très-lent, des eaux profondes des hautes
latitudes vers l’équateur.
Je serais même disposé à croire que le point de départ serait
entre 40“ et 60"de latitude, et que de cette zone les eaux inférieures
se dirigeraient périodiquement en deux courants insensibles,
l’un vers l’équateur, pour arrêter le réchauffement dû
à la communication successive de la chaleur par les eaux supérieures,
l ’autre vers les pôles, p our s’opposer au refroidissement
qui résulterait de feffet opposé. Le premier prévaudrait en
hiver, qui correspond à la saison sèche de la zone torride, pour
remplacer les eaux enlevées par la vaporisation, et qui ne sout
point restituées par les iiliiies; le courant vers les pôles aurait
lieu en été pour remplacer le volume des eaux plus légères provenant
de la fonte des glaces, et qui ue tardent jias à s’écha[>per
à la surface vers les régions tem|)érées.
Dans la Méditerranée, la température des couches inférieures
ne saurait descendre au-dessous de i 3°. S i, comme semblent le
prouver les expériences de M. Bérard ( i ) , c’est le minimum de
‘ Dans une suite d’observations ihermométriques exécutées dans la Méditerranée,
dans les mois de janvier et de février, la température des eaux superficielles n’est
descendue que très-rarement, et pour un temps très-limité, au-dessous de i 3°; d’où
l’on peut supposer, avec une grande apparence de raison, que les eaux inférieures
ne peuvent jamais descendre au-dessous de cette limite.
température dont les eaux su|)erficielles sont susceptibles, la
raison en est palpable. Il est bon de remarquer aussi que la
plus grande profondeur du détroit de Gibraltar vers son milieu,
n’atteint pas 200 brasses ; o r , par cette latitude, les eaux
de l ’O céan à cette profondeur se maintiennent aussi à i 3” environ
; il est donc évident qu’il ue peut s’introduire d’eaux plus
froides dans le bassin méditerranéen, à l’aide des courants violents
et perpétuels de ce détroit.
C ’est par le même motif que la température des eaux inférieures
des lacs et grands réservoirs d’eaux douces ne me parait
point susceptible de descendre au-dessous de la moindre
température des eaux superficielles. C’est ce que j ’ai observé
dans le lac Tondano par 65 pieds de profondeur, où la température
de 26" au f'onti était égale à celle de la surface. C ’est ce
qu’il sera très-important de confirmer ou de réfuter par de
nouvelles expériences dans les lacs les plus profonds des régions
équatoriales et des contrées les |ilus froides.
On sent bien, au contra ire, que la température du foud peut
s’élever bleu au-dessus de ce minimum, et se rapprocher de plus
en plus de la température moyenue des eaux de la surface. Cela
dépendra surtout du degré de chaleur que celles-ci peuvent
atteindre et du temps qu’elles peuvent le conserver.
Nous ferons remarquer que l ’ensemble des faits tour à tour
observés eu été et en hiver dans uu des lacs les plus profonds
de la Suisse, représentera |>arfaiteinent ce qu’on peut successivement
observer dans toute l ’étendue de l’O céan, d'abord dans
la zoiieinter-tropicale, puis dans les réglons polaires. En effet,
dans le lac eu question, à l ’époque des plus grandes chaleurs
de 1 été, les eaux iront en décroissant progressivement de chaleur
jusqu’au fond, oû fon trouvera presque 4°,4, tout comme
cela a lieu daus les régions équatoriales. Au con tra ire , au milieu
des froids les plus intenses de l’h iver, la surface jiourra se
Voyage dc l'Astrolabe. , -