varie d’tiue encablure et demie à a/3 d’encab lu re , sur une longueur
d'un demi-mille ou de cinq encâblures. Sa direction, de
la baie Tevai â celle dc Manevai, est du S .E . i /4 E. au N .O .
1/4 O. Plusieurs pâtes de corail se trouvent au milieu, et
réduisent plusieurs fois à moins de vingt brasses la largeur
du clienal.
En passant au nord de ces plateaux, comme nous l’avons fait,
ou ue trouve pas moins de sept brasses d’eau, toujours au milieu;
car en certains endroits la corvette n’eût pas trouvé sa longueur
pour se retourner.
C’est le 29 février que nous quittâmes le mouillage d’O c ili,
pour nous mettre eu sûreté dans la baie Manevai. Il soufflait une
petite brise de S .S .E . avec beau temps; dès cinq heures du
matin le branle-bas fu t fa it, toutes nos ancres de poste furent
successivement levées, et nous commençâmes à nous touer
vers la passe de l’E. au moyen de grelins élongés sur deux
ancres à jet.
Cette opération souffrit peu de difficultés jusqu’à 8 beures;
mais eu ce moment la brise fraîchit au N. ])lus qu’elle n ’avait
fait les jours précédents, et fit chasser uue de uos ancres à je t,
ce qui nous rejeta à moins de huit ou dix brasses des brisants
du rivage.
Avec de grands efforts nous pûmes continuer notre manoeuv
re ; cepeudant une ancre à je t .ayant encore chassé, celte fois
nous retombâmes près du ré c if du mouillage, sur lequel la mer
brisait avec fureur.
Durant plus de vingt minutes, la corvette se trouva sur des
têtes de coraux, situés à moins de quatorzx“ pieds sous l'eau, et
avec une boule assez forte : il est fort heureux que, dans les levées
de la lame , elle n ’ait touché contre aucun de ces rocs acérés,
dont un seul eût pu la défoncer.
Nous réussîmes encore â nous tirer de ce danger ; mais tout
le reste du jou r nous fûmes cruellement contrariés par le vent.
Malgré tous nos efforts, nous fûmes condamnés à passer la uuit
à moins d’une encablure de ce fatal brisant, sur deux ancres â
je t , mouillées l ’une par 35 brasses de fond et avec 45 brasses
de la petite chaîne, l'autre par 33 brasses et avec 70 brasses d’un
grelin peu solide.
Dans cette journée il y eut quinze ancres, tant grosses que
petites, mouillées et élongées, souvent avec deux ou trois grelins,
au milieu d'une mer assez creuse et par de grands fonds.
Le lendemain, 1 " mars, les travaux recommencèrent dès
4 heures et demie du m a tin , et nous nous efforçâmes d 'atteindre
la passe. Malheureusement le vent du N. repr it, et nous contraria
singulièrement. Ce ne fut qu’avec des peines et des efforts
inouïs que nous pûmes donner dans la passe, tourmentés à la
fois par le vent et le courant, contrariés et obligés de manoeuvrer
la corvette dans uu canal quelquefois si resserré, qu’elle
n’y eût pas trouvé sa longueur jjour se retourner. Cela nous
forçait à avoir saus cesse trois ancres en mouvement, afin que
uous fussions toujours retenus au moins par deux d’entre elles,
taudis qu’on manoeuvrait la troisième.
Il nous fallut la journée entière pour franchir toute la longueur
de la passe, encore est-il douteux que nous eussions réussi
sans une double circonstance qui nous favorisa. Après midi, la
brise, quoique toujours contraire, mollit beaucoup; e t, sur les
4 heures, la marée ayant reversé en-dedans des ile s , nous poussa
lestement vers l’intérieur, en nous faisant raser de très-près les
dangereux brisants qui bordent cette passe épineuse.
Enfin à 7 heures et demie, j ’eus la satisfaction de voir la
corvette établie sur deux ancres dans l ’intérieur de la baie
Manevai, sur une mer aussi paisible que l’eau d’un étan g, et à
l abri des houles du large. La journée nous' avait encore coûté
22 ancres à mouiller et à relever. Toutefois, c’était presque un
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