l'artiste Spinelli à Marseille. Alors j'en demandai d’autres à
M. Arago. Sur sa promesse, je retardai même de deux jours le
dé|iart de t Astrolabe. Ces trois nouveaux instruments arrivèrent
en effet à T o u lo n, le 24 avril 1826, la veille du jou r où je
(piiitai définitivement la France.
Fidèle à ma [iromessc, toutes les fois que cela me fut possib
le , j ’exécutai des observations de température sous-marine à
de grandes jn-ofondeurs. Je les aurais même bien plus multipliées
en co re , sans les obstacles qui semblaient renaître à
chaque instant sous nos ])as, surtout sans l ’état funeste où les
maladies de Vanikoro réduisirent notre équipage. Ceux-là
seulement qui m’ont accompagné savent combien ce genre
d’observations était devenu odieux à tm équipage démoralisé
et affaissé sous le poids des fièvres et de la dysseuterie. Il fallait
toute mon autorité et fatteiition minutieuse que j ’apportais
moi-même à ces expériences pour rendre leur exécution ])os-
sible. Faciles et exemptes dc gêne et d’embarras daus toute
autre navigation, pour nous elles étaient devenues des opérations
très-pénibles. Sans le désir que j ’avais de justifier f attente
des membres de l’In s titu t, je n’aurais jamais pris sur moi d’y
assujettir des hommes éprouvés [tar autant de traverses et de
cruelles maladies.
A mon retour, je m’empressai de communiquer à M. Arago
le résultat de ces expériences si chèrement acquises. Il en parut
(l’abord enchanté, et me fit des compliments sur la constance
([ue j ’avais apportée à leur exécution, il promit même de rédiger
un mémoire important sur ces observations. J’attendis deux
années entières ce tra va il; à la fin, convaincu que nos expériences
avaient été condamnées à un oubli définitif, je pris le
parti de les p u b lie r, et MM. les membres de la Société de
géographie voulurent bien leur donner place dans les [lages
de leur bulletin.
J’al été forcé de donner ces explications au lecteur, pour lui
faire comprendre par quel hasard, au lieu du savant et profond
mémoire qu’il attendait sans doute d’uii homme comme
M. A ra go , d ne trouvera que l’essai cpie je pourrai lui offrir.
Au moins, il me pardonnera cette fâcheuse substitution, quand
il saura qu’elle a été involontaire de nia |iart. J’espère qu’au
contraire il me saura quelque gré d’avoir surmonté le sentiment
de répugnance que m’inspirait la conscience de mon infériorité,
pour remplir cette triste lacune, et lui rendre compte
de mon mieux de mes observations.
En effet, c’était à ce but que je comptais dans le principe
limiter 1 objet de cette notice. .Mais je réfléchis bientôt qu’en
me bornant à mes [iropres résultats, je ne pourrais présenter
que des aperiius décousus et incomplets. En outre, je crus qu’à
défaut de tout autre intérêt, mon travail aurait au moins un
mér ite, s i l [irésentait le tableau complet des expériences exécutées
jusqu à ce jour, pour mesurer la température des mers ;
et cette considération m’encouragea dans la tâche que j ’entreprenais.
Forster uous paraît avoir été le premier qui ait songé à com-
[larer les températures de la mer à une certaine profondeur avec
celles de la surface. Ses expériences eurent lieu en 1772 et 177?,
depuis féq u a teu r jusqu'au parallèle de 64” S. ; mais elles ne s’étendirent
pas au-delà de 112 brasses (de 5 pieds chacune) de
profondeur; aussi les différences entre les températures de la
surface et à cette profondeur ne furent pas de plus de un ou
deux degrés centigrades. Toutefois il crut déjà pouvoir en conclure
que sous la ligne et prè s des tropiques, beau est p lu s fro id e
a une grande profondeur qu’à la surface dans les hautes latitudes.
Presque dans le même temps, en juin et août 1773, le capitaine
Phipps et son compagnon le docteur Irving poussaient
Voyage de C Astrolabe. j ^