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1087 et i ia S brasses de profondeur. Leurs résultats seraient
importants. Mais est-il bien certain qu'ils aient obtenu la température
exacte des eaux de l ’Océan à cette énorme profondeur
?
Le capitaine Beechey, dans les années 1825, 1826, 1827 et
1828, ajouta une nombreuse série d’observations à celles de
ses prédécesseurs, et l ’on doit lui savoir un gré particulier du
soin qu'il eut de les coordonner fréquemment |)ar accroissement
successif de profondeur sur un même point. Le refroidissement
graduel de température à diverses profondeurs dans
les mers inter-tropicales fut constaté d’une manière irrévocable.
Daus les mêmes années à peu près, c ’est-à-dire, en 1826,
1827, 1828 et 1829, je me livrais de mon côté à ce genre d’ex-
périeiiees, et mes résultats s’accordaient parfaitement avec ceux
de nies devanciers. Malheureusement j ’ignorais ce qu’ils avaient
fait; je n’avais connaissance que des efforts de Forster, de
Phipps et de Péron. Autrement j ’aurais pu diriger plus spécialement
les miens vers les parages dont la température n’avait pas
encore été examinée. C’est le sentiment que j ’éprouve aujourd’hui
en jetant un coup d’oeil sur fensemble des observations
faites jusqu’à ce jour. Mon travail aura du moins le mérite
d’épargner de semblables regrets à ceux qui me suivront.
Du reste, le fait le plus remarquable qui résulta de mes expériences,
et que je crois avoir été le premier à signaler, c’est
l ’uniformité de température à un degré assez é le v é , environ
i 3°, dans les eaux inférieures de la Méditerranée, au-delà de
200 brasses de profondeur. C’était une anomalie bien remar-
([uable au milieu du refroidissement général et progressif des
mers libres, à cette même latitude.
M. de Blosseville, en 1827 et 1828, exécuta aussi dans les
mers de l’Inde quelques expériences dont les résultats concordaicnt
avec les précédentes. Mais loi'squ’il voulut atteindre jusqu
à 700 brasses, la pression des couches supérieures brisa son
in strumen t, comme cela m’était arrivé par mille brasses.
Graces aux précautions qu’il avait prises, M. Bérard évita cet
inconvénient, et, dans les années i 8 3 i et i 8 3 2 , ses thermomé-
trographes purent descendre dans les eaux d e là Méditerranée,
jusqu à la profondeur de 600, ybo et même 1200 brasses. Partout
les eaux de la mer restèrent à la température fixe de 1 3°, et
le fait que j ’avais déjà avancé se trouva confirmé d’une manière
victorieuse.
Là se termine la liste des observations de température sous-
marine exécutées jusqu’à ce jour, du moins de celles qui sont
parvenues à ma connaissance. Elles forment une suite de 421
observations, dont i 38 ont donné la température des couches
situées à 200 brasses et plus du niveau des eaux de l’Océan.
A|irès avoir réduit à des mesures identiques toutes celles qui
out été em|)loyées par les divers observateurs, afin de les rendre
comparables entre elles, j ’avais d’abord disposé toutes ces
expériences sur un même tableau, eu ne suivant d’autre ordre
que celui des profondeurs absolues. Seulement j ’avais mis à part
les expériences faites dans la Méditerranée.
Mais je n’ai pas tardé à reconnaître (ju’un pareil tableau était
loin de pouvoir donner uue idée parfaite de la marche des températures
sous-marines par les diverses latitudes, et de leurs
rapports avec celles de la surface. Alors j ’ai imaginé de les r e présenter
comme il suit,sur deux tableaux syuopti(|ucs qui m’ont
paru reinplir bien mieux le but que je me pro[iosais. Ce sera au
moins un essai qui pourra être perfectionné.
L ’échelle qui figure au haut de ce tableau est tout simplement
celle des 90° de latitude, compris depuis l’équateur jusqu'au
pôle. Ainsi la ligne AË représente la trace du quart d’un
méridien sur la surface des eaux de l ’Océan.
Voyage de ¡Astrolabe. j 5