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fort incertaines, puisque notre vraie position était toujours
uu problème, A i i beures 3/4 , nous aperçûmes un instant
l'ilot conique du port Montagu. A midi, le vent tomba, et nous
fûmes ensuite abandonnés à de folles brises de l ’E .S .E . à
l’E .N .E . , ballottés par une houle énorme et toujours Inondés
par la pluie. 11 fallut remplacer le grand hunier et le perroquet
de fougue par les voiles de rechange, et réparer diverses
autres avaries dans le gréement, suite inévitable des temps
affreux que nous venions d’essuyer.
11 n’y a pas eu d’observations dans la journée ; mais vers
5 heures du soir, la pluie ayant cessé durant quelques instants,
nous avons clairement distingué la côte aux environs du port
Montagu. A 6 h eures , nous étions à 12 milles dans le S.
du cap Dampier; on voyait les ile s, et nous nous sommes de
nouveau assurés que la terre se prolongeait en une chaîne de
montagues élevées à l ’O . du port Montagu.
Nous avons tenu la cape b â b o rd , toute la u u i t , sous une
pluie battante et non interrompue.
Le 3o, au jour, le vent a fraîchi et a soufflé avec une violence
considérable durant quelques heures, puis il a diminué après
midi. Quant à la plu ie , plus abondante que jamais, elle n ’a
cessé de tomber en véritable déluge toute la jou rné e ; c’est
uue vraie confusion des éléments ;. on ne voit ni ciel ul
terre, et c’est à peine si nous distinguons la mer le long
du bord.
Enfin, la pluie a diminué de violence peu après minu it,
et a cessé le 3 i vers le point du jour. Mais dès 7 heures 1/2
le ciel s’est couvert de n o u v e a u , et les grains ont repris.
Comme je m’estimais alors à une distance de 40 milles au
moins dé terre, avec le vent de S .E ., je laissais porter en toute
confiance au N .O . et même au N .N .O . Q ü o n ju g e de ce que
je dus éprouver lorsqu’à 8 heures 1/2 la terre se montra subitemeiit
devant nous à 3 milles de distance, et environnée d’un
large ré c if sur lequel la mer brisait avec fureur. Heureusement
en ce moment le vent passa à l’E .N .E ., et nous (lûmes serrer
le vent bâbord pour nous éloigner de cette côte inattendue.
Dans de courtes éclaircies, nous la vîmes s’étendre jusqu’à
f O .N .O . , où elle se terminait par une lie peu élevée. Toute
cette partie de la terre en vue était elle-même fort basse,
couverte de grands arbres, et semblait se composer d’une
foule d’ilots placés en avant de la grande île de la Nouvelle-
Bretagne. Les terres de c e lle -c i, beaucoup plus élevées, étaient
plus reculées vers le N., et rarement visibles à cause des grains
et de la brume.
Le lon g de la côte régnait une zone d’eaux troubles qui
s’étendait à plus de 4 milles au la rg e , et dout la direction
semblait être celle de l’E . à l’O. Elle formait une ligne de
démarcation très-distincte avec les eaux du la rOe e ,■ et nous
fûmes obligés de la traverser en partie.
11 est constant que ces terres forment la partie la plus méridionale
de la Nouvelle-Bretagne, et M, Lottin les a figurées
du mieux qu’il a pu sur la carte de cette île. Nous avons placé
le point le plus au S. par 6° 3o’ lat. S .; mais cinq jours s’étaient
écoulés sans observations de latitude, et il est certain que nos
déterminations sont susceptibles d’erreurs assez graves, et
demanderont à être vérifiées.
Dès une heure ajirès-midi, un grain violent nous enleva la
vue de la terre, et rieu ne reparut du reste de la journée.
Durant toute la n u it, nous courûmes des bordées, non sans
de vives inquiétudes d’être exposés à une rencontre semblable
à celle du matin. Les courants ont une direction si v a r ia b le ,
et la côte a été si grossièrement figurée dans l ’ébauche laissée
par Dampier, qu’il est impossible de diriger sa route avec la
moindre sécurité.
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