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la corvette, et inutile d’envoyer un canot pour sonder, attendu
([ue nous eussions dérivé daus ces eaux troubles, avant qu’on
eût pu le mettre à la mer.
Poussés par une belle brise de S .E . , nous approchions rapidement
de l ’ile , et nous examinions d’un oeil indécis et curieux
un nuage fo r t épais, stationnaire su r la cime de ce rocher isolé.
Sa couleur, sa forme et ses accidents semblaient annoncer qu’il
était le produit d’une fumée sans cesse renouvelée. En effet,
sur les 3 beures après-midi, comme nous ne passions guère
c[u’à une lieue de cet îlo t , nous ne pûmes douter davantage
que ce fût un petit volcan en activité.
Le centre offrait fa sp e c t d’un cratère à demi éb ou lé , et des
tourbillons de fumée s’en exhalaient sans cesse, ainsi que des
flancs de la partie occidentale, qui se dessine sous la forme
d'un morne arrondi et peu élevé. Les tourbillons, transparents
et Ijleuàtres à leur b a s e , semblaient enflammés daus cette
partie, et formaient ensuite une longue colonne d’une teinte
obscure, que la brise du S .E . chassait parallèlement au niveau
de fO céan . De grands espaces étaient entièrement couverts de
soufre ; leur teinte dorée contrastait avec la couleur triste et
sombre des pierres du reste dc l’ile , qui ne parait être qu’un
amas de scories et de laves refroidies. Ce roc enflammé n’a pas
plus de 2 milles de c ircu it, sa hauteur doit être de 6o ou 8o
toises. C’est peut-être le plus petit des volcans isolés que l ’on
connaisse sur la surface du globe.
Nos observations, faites dans les circonstances les plus favorables,
ont fixé la position de ce volcan par 22“ 23' lat. S. et
i 68° 52' long. E. Cette position, qui diffère considérablement
de celle de Gilbert et d’A r row sm ith , s’accorde jiarfaitement
avec celle du capitaine Fearn. D’un autre cô té , il serait étonnant
que nous n ’eussions pu apercevoir l ’ile Huntcr de ce dernier
navigateur, qu’il indique <à 35 milles à l’E. du rocher Mathew,
attendu qu’à midi, uous en étions nous-mêmes à près de 24
milles à l’E . , e t , à 6 beures i 5 minutes du soir, à plus de 25
milles à fO . Dans l ’une ou fa u tr e position, nous aurions dû
apercevoir l ’ile que Fearn mentionne, puisqu’il affirme qu'elle
est visible à x i lieues de distauce. Probablement il y aura eu
confusion; l ’île Matbew aura été doublée à tort: dans tous les
cas, c’est un point de géogra[>hie qui ne sera définitivement
résolu que par le navigateur qui aura parcouru avec soin ce
parallèle dans fespace de 2 ou 3 degrés de longitude.
Le 28, à 7 heures du matin, la cime d’E rrouan s’est montrée
dans l ’O . N . O ., à la distance de 7 ou 8 lieues. Les observations
dc la journée par les moutres n " 38 et 8 3 , corrigées
par les différences secondes, donnent une longitude de
160° 47' E . , qui ne diffère que de 2 minutes au plus de celle
qui fut obtenue l ’année dernière pour le même point.
Le 8 févi-ier, à 3 heures 45 miuutes après midi, la vigie des
barres signala la petite ile Mitre, dans le N . , à toute distance.
A 5 heures 1/2, on l ’aperçut de dessus le p on t, et, au déclin
du jo u r , elle se montrait sous la forme d’un rocher médiocrement
élevé. La nuit fut très-sombre, et j ’eus soin de me maintenir
au vent de l ’ile , et à une distance convenable.
Le 9 , dès quatre heures du m a tiu , je laissai porter sur Mitre
(Fataka, d’après les naturels de T iko p ia ); à 5 heures 45 minutes,
nous étions précisément sur le inéi-idieu et à 3 milles
au S. de cet ilo t , e t , à 6 beures 44 m inutes, sur son parallèle
à l ’O. et à la même distance. Fataka n ’est q u ’un rocher
d’un mille au plus d’étendue, médioci-ement boisé, escarpé, et
de 60 à 80 toises d’élévation. Il se compose de deux moudrains
égaux q u i, d’un peu lo in , paraissent séparés, suivis, d an s le
nord, d’un rocher pi-esque détacbé et deux fois moins é levé,
mais d é lié , cylindrique et percé par le milieu ; ce qui lui donne
un aspect tout à fait bizai’re. T o u t à l ’eutour de Fataka , la mer
.il
n