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j.nvier mençait à entrer. On fit servir en augmentant de voiles ; et la
corvette n’était plus qu’à une encâblure de la passe, quand la
barre se souleva tout-à-eoup en nappe é cumante , et les eaux se
précipitèrent dans le bassin par tourbillons d’une violence incroyable.
La corvette fut renvoyée rapidement dans l'intérieur
du bassin en pirouettant plusieurs fois sur elle-même, et poussée
droit vers la pointe des Tourbillons qui nous restait précisément
au S. Avant que l’ancre fût dég agée, l’avant du navire
n’était plus qu’à quelques brasses des rochers dc la côte; enfin
elle tomba par un fond de a 5 pieds, et quoique à pic elle nous
soutint à flot.
Il était alors m idi; du 2 4 , et jusqu’au 28 , ii 8 heures du
matiu , instant où nous donnâmes dans la passe des Français,
l ’équipage fu t constamment occupé à des manoeuvres d’ancres
que la violence du courant rendait très-pénibles et parfois infructueuses.
Dans cet interva lle, M. Guilbert leva le plan du
bassin, qui serait un ancrage excellent si la passe des Français
n’existait pas.
Le bassin des Courants est un canal de 3 milles de longueur
sur une largeur moyenne de i mille ; il est compris eutre la
côte de Tavaï-Pounamou et la partie S. de l’ile d’U rville , et
communique de la baie Tasman à celle de l ’Amirauté. Ainsi
V Astrolabe a séparé de la grande terre cette île qui se termine
au N. par le cap Steplien , et n’a pas moins de 45 milles de circu
it, et à laqu e lle , d'un commun a ccord, les officiers ont
donné le nom du chef de l’expédition.
Ce bassin se trouve, pour ainsi dire, encaissé entre deux chaînes
de montagnes élevées et couvertes de végétation ; mais sur
l’ile d’U rville ce sont des forêts épaisses qui viennent jusqu’à la
m e r , tandis que la côte opposée n’offre que des taillis ou de
hautes fougères ; aussi est-ce de ce côté que MM. Guilbert et
Pâris gravirent séparément la cime de deux mornes qui domlliaient
à la fois les baies Tasman et de rAm irau té , pour se procurer
une vue exacte de leurs détails, et prendre des relèvements
utiles à la géographie du détroit.
Les deux côtes sont bordées de rochers abruptes sur lesquels
il est difficile de marcher. On trouve partout au moins 11 brasses
à toucher terre et environ 20 brasses au milieudu bassin. La
passe des Français, entre la pointe des Récifs et celle du Chenal,
a 25o toises de la rg eu r , mais elle est presque entièrement barrée
par des rochers à fleur d’eau qui partent de la pointe
des R.écifs, et ne laissent de lib re qu’une largeur d'environ
40 toises.
Le grand fond est auprès de la pointe du C h en a l, qui est
aussi acore qu’un q u a i, et que l ’on peut accoster sans aucun
danger.
A peu de distance de la [jointe S. de la b a r re , on rencontre
le banc du milieu C[ui s’étend l’espace d'environ 3oo toises dans
le S.O.; c’est un banc de sable recouvert par 16 , 14, et même
10 pieds d’eau à marée basse. Au-delà, le fond reprend subitement
22 et 24 brasses, formant ainsi uu cul-de-sac étroit le
lon g de l ’île d’U rville.
En résumé, les courants violents et presque continuels que
la marée occasionne dans le bassin des courants en rendent le
séjour peu commode pour un n av ire , exposé sans cesse à sur-
ja le r et à faire mille tours dans ses câbles. On préférera l’anse
des Torrents et celle de VAstrolabe qui offrent un abri excellent;
néanmoins l ’existence de la passe des Français est toujours
utile à constater, et il peut arriver telle circonstance où un
capitaine hardi échappera par là à un ennemi supérieur.
Nous avons fixé la position de notre observatoire sur la plage
orientale du bassin des courants par 40° 56' ao" lat. S. et 1 7 1 ”
32' 17" long. E.
Voyage de VAstrolabe. 5 y
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