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eux la découverte des îlots Beaupré. Le bon M. de Bossel,
daus le peu de temps qui s’écoula entre le retour de V Astrolabe
et sa m o r t , ue pouvait sans frémir arrêter ses regards sur
cette portion de notre carte des iles Lo yalty. En effet, si dans
cette nuit critique des volées d’oiseaux ne fussent pas venues
p.ar leurs cris éveiller la vigilance de f officier de q u a r t, et s i,
attentif à ce signa l, cet officier ii'eùt prudemment mis eu
paimc, les deux frégates, poussées par un grand vent d’E.,
allaient s’engager dans les ilôts situés au S .E . du groupe
Beau p ré , où uu naufrage complet les attendait inévitablement.
Par un sort fa ta l, cette expédition eût péri à moins de
deux ceuts lieues de distance des plages funestes qui virent
la lin de celle de Lapérouse. Sur le désir de M. de Rossel,
j ’ai fait graver sur ma carte la route de d’Eutrecasteaux, près
des îles Beaupré.
Nous passâmes la nuit aux petits bords, et le 20, â 5 beures
du m atiu , nous finies servir au N .O . 1/4 O. avec une jolie
brise du S .E .
A 8 beures 1 5 minutes, on observa les angles horaires, n’ayant
rien en vue ; mais à 9 b eu re s , la vigie signa la , par un cri d’épou-
vante, un ré c if isolé dans l ’O. Je laissai arriver, et fis gouverner
droit dessus. Nous vînmes passer, à moins d’un mille de sa partie
septentrionale, qui est occupée par un ilot de sable presque au
niveau de l ’eau, sur lequel la mer brisait avec une violence extrême.
Cet écueil, sous la forme d’uue langue étroite, peut avoir
4 ou 5 milles du N . au S . ; mais nous n'en vîmes point f extrémité
méridionale. A midi, nous nous trouvions par 19° 46' lat.
S . et i 63° 1 7 'long. E , , à 5 milles dans le N . 35° O . de lapoin te
N. des récifs; dans les 24 h eures , le courant nous avait portés
de i 3 milles dans le N .O .
Nous avions à peine perdu de vue les derniers récife, que la
vigie en signala un autre de l’avant et â toute vue. Ce nouvel
écueil, dout nous ne passâmes <|u’à 2 milles, s’étend, comme le i")'
précédent, dont il est éloigné de 5 lieues dans le N . 53° O . ,
l'espace de 6 ou 7 milles du N . au S. Je penche fort à croire
qu’ils sont réunis l ’un à l ’autre par une cbaine p lus reculée vers
le S . O ., et que nous n'avons pu apercevoir, de manière à former
une es[)èce de fer â cheva l, comme la plupart de ceux qui
sout connus dans la mer de Corail.
Ces écueils reçurent le nom dc récifs de XAstrolabe, et sont
d’aulaut plus redoutables cyu’ils sont éloignés de près de 3o milles
des iles Beaupré, et de 60 milles des côtes les plus voisines de la
Nouvelle-Calédonie.
A 3 heures 16 minutes du soir, nous fîmes une station en observant
des angles horaires précisément sur le méridien, et à
moins d’une lieue au N . de l'extrémité septentrionale de ces
brisants, que nous avons placée par 19° 4°' Ist- S . et i 63° 6
longit. E.
Nous continuâmes ensuite notre route vers le N .O .
En considérant les récifs de l ’Astrolabe comme fcxtrémité
N .O . du groupe Lo yalty , ces iles s'étendent sur la ligne droite
du N .O . 1 / 4 0 . fesp ace de 190 milles, depuis la pointe S .E .
de Britannia jusqu'à la pointe N . des récifs; elles suivent une
direction parallèle à celle de la Nouvelle-Calédonie, dont elles
sont à la distance moyenne de 12 lieues.
Toutes uos déterminations en longitude pour les iles Lo yalty
sont assujetlies, d’une p a r t, à la longitude de f ile Erronan,
de l’autre, à celle de l ’ilot le plus septentrional du groupe
Beaupré. Pour le premier de ces points, nous ne différons de
d’Eutrecastcaux que de 5 ou 6 minutes, comme nous l ’avons
déjà dit; et pour le second, la différence ne va guère q ü à deux
minutes et demie. Ainsi ce travail donne lieu de compter sur
un degré d’exactitude satisfaisant.
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