fuir ensuite dans la même direction. Un temps maniable nous
eut permis de poursuivre sans peine cette exploration, mais
le ciel se chargeant de plus en plu s, il fa llu t, à une heure,
reprendre encore la bordée dudarge.
Le 27, la pluie a été à peu près continuelle, le ciel ue s’est
pas éclairci un seul in s tan t, et nous n ’avons pu revoir la terre
d’aucuu côté. Nous avous dii borner nos efforts à nous maintenir
autant que jiossible au même endroit, sauf l ’effet des
courants qui varient à chaque in s tan t, et qu’il est presque
impossible de prévenir.
Le 28, à 5 heures 1/2 du matin , le temps paraissant un peu
moins mauvais et la mer moins d u r e , nous avons laissé porter
successivement à fO . i/4 S .O. et à fO .N . O.
Par moments la terre se montre daus le N. et le N .O . à
srande distance et d’une manière très-confuse. Toutefois elle
parait offrir une côte continue et sans interruption. Nous
eûmes des angles horaires sans pouvoir y assujettir aucun point
remarquable. Midi passe sans que nous puissions obtenir la
la titu d e , et les grains devieuneut fréquents et violents. A
une beure 1/2, un cap (lap o in te Beechey) se montra tout à
coup devant nous , à moins de 10 milles dans le N .O . ; nous
gouvernâmes alors â l ’O . , puis à f O . S .O . , prolongeant la
terre à trois lieues. A 5 heures du soir, nous nous trouvions
directement au S . et à g milles de distance d'une pointe
élevée, escarpée, très-prononcée, et qui me parut devoir se
rapporter â la partie orientale du port Montagu de Dampier;
aussi je lui imposai le nom de cet infatigable navigateur.
Le cap Dampier, surmonté par un mondrain en forme de
table, présente l’apparence d’une île , vu du S .S .E . ; il est à
10 milles de la pointe Beechey; la côte entre les deux court
E. et O., et offre plusieurs ouvertures qui ne sont peut-être que
des terres plus basses, mais qui peuvent faire croire que cette
partie de la côte n’est qu’une suite de petites iles rapprochées
les unes des autres.
A rO . du cap D am p ie r , nous vimes un enfoncement très-
marqué, qui doit être le port Montagu lui-mênie, avec plusieurs
îles de diverses grandeurs, dont une est remarquable
par sa forme conique.
Le mauvais temps ne me permit pas de tracer avec plus de
détails cette partie importante de la Nouvelle-Bretagne; j ’en ai
vu néanmoins assez pour m ’assurer que la côte est partout
continue, et pouvoir presque affirmer qu’il n’existe p o in td e
passage en cet endroit, bien que la terre doive s’y trouver
encore réduite â une langue for t étroite.
A 5 heures 3o minutes du soir, nous nous trouvions droit
au S . et à 11 milles du cap Dampier; on apercevait dans
l’O .N .O . les terres de la pointe O . du port Montagu que
nous avons nommée pointe Roebuck.
Cette pointe est à envirou i 5 milles dans l ’O. i /4 S.O. du cap
Dampier; ainsi le port Montagu est ouvert en plein aux vents
de la partie du S. qui soulèvent une mer énorme; mais on y
trouve sans doute un abri derrière les îles; la difficulté est
de pouvoir en sortir.
A la n u it, le vent ayant passé au S .E . , je suis venu au plus
près bâbord amures. La mer s’est sensiblement enibellie, le
ciel s’est é clairci, la lune et les étoiles ont brillé d’un éclat
inaccoutumé, et je me suis flatté de l ’espoir d’un changement
de temps. Cette illusion a été de courte durée. Dès 10 beures,
le ciel s’est assombri de nouveau de toutes pa rts, et les grains
ont re com men cé , accompagnés de rafales violentes et de
torrents de pluie. Jusqu’à 11 heures du matin du 2 9 , on
eût dit qu’un nouveau déluge menaçait de faire disparaître les
terres du globe. Rarement notre horizon s’étendait à 100
toises de distance, et nos manoeuvres ne pouvaient être que
85.