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de n u ag e s, qu’à peine on peut eu saisir par intervalles fyuel-
qiies détails fugitifs. Nous passâmes une partie de la uuit
tribord amures, sous petites voiles, afiu de ne yjas nous éloigner
de la c ô te , et dans l’espoir que le temps pourrait enfin
devenir plus favorable à nos opérations. Mais la journée du
•22 fut encore plus mauvaise que toutes les précédentes. La
pluie fut presque continuelle, notre borizou ne s’étendit jamais
à plus d’une demi-lieue dn navire. Nous n’eûmes j>as un instant
l’aspect de la te r r e , dont uous nous estimions à 3 ou 4
lieues.
Privés d’ob servations, notre position devint même fort
inquiétante, en égard à fir ré gu lar ité des courants.
E n f in , le 23, à 6 heures 1/2 du matiu , la pluie ayant cessé
de tomber, je profitai de la brise du S.S.E. pour laisser porter
successivement à f O . S . O ., à l’O ., et même à l ’O . N . O ., dans
le dessein de rallier la còte dont je ne m’estimais qu’à 4 ou
A lieues à l’E. Nous pûmes observer des augles horaires du
soleil, mais sans avoir connaissance de terre. Sur notre route
uous trouvâmes une foule de troncs d’arbres et de paquets
d’berbes entraînés des côtes par le courant. A midi, après avoir
couru plus de 7 lieues à l ’O ., aucune terre ne s’étail encore
montrée â nos rega rds, et je ne savais à quel m o tif attribuer
cette singulière circonstance. Lah au teur méridienne du soleil,
([ue M. Jacquinot put saisir dans une courte apparition de
cet astre, nous donna le mot de l’énigme. Nous étions par
G" 25' lat. S . et 149° 36’ long. E . ; de sorte que depuis deux
jours les courants nous avalent portés de plus de 60 milles au
S . , et de 3o milles à fO . ; fait bien extraordinaire, quand on
fait attention aux vents violents du S . et du S .S .O , qite nous
avions constamment éprouvés. Probablement, les terres du
(,ap Orford divisent la masse des eaux de la mer, généralement
transportée du S .E . au N .O . , en deux branches, dont l ’une
file directement au N. par le canal Saint-George s, el l ’autre
au S . O . le long de la côte de la Nouvelle-Bretagne.
Dans la crainte de dépasser le cap Orford sans en avoir
repris connaissance, je gouvernai droit au N . eu forçant dc
voiles; et à 6 beures du so ir , ayant fait 26 milles dans cette
direction, ce promontoire se montra â nous daus le N. 1/4 N.E.
à 36 milles de distance ; une autre terre paraissait daus le N.O.,
mais tout cela confusément et au travers de la brume qui
couvrait l ’horizon.
Comme â f ordinaire, la nuit fut une suite de grains et de
rafales qu’il fallut essuyer en courant de petites bordées sous
les huniers au ris de chasse et le petit foc.
Le 24, au jo u r , uous revîmes au N .N .O . le cap Orford
t[ui formait la pointe N . en vue, et je laissai porter sur lui
pour me trouver sur son méridien à l ’instant des angles
horaires. Après une longue attente et de grandes difficultés,
M. Jacquinot réussit enfin à s’en procurer à 8 heures 1J2 et â
9 beures 1/2 du matin. Nous ii’étions alors qu’à i 5 milles au
S. du cap O rford, dont nous reconnûmes aisément la partie
la plus saillante au bord de la mer. La côte court ensuite au
5 . 0 , l ’espace de 8 lieues, et vient former la pointe Quoy,
dominée par un pic énorme (pic Quoy), très-remarquable paisà
positiou isolée. Entre le cap Orford et le cap Quoy, la côte
est uniformément h a u te , e sca rp é e , et couverte de forêts
épaisses. La pointe la plus saillante entre ces deux caps a reçu
le uom de pointe Oweu.
A midi, nous ue pûmes obtenir la latitude.
A I h e u r e , nous étions parvenus devant le cap Quoy, et â
moins de 4 milles du r iv a g e , et je comptais poursuivre ma
route à l ’O. au-delà de cette poin te, devaut un enfoncement
considérable; mais la terre se montra tout â coup ju sq u ’au
5 .0 . 1/4 O. L ’eau , très-sensiblement décolorée, pouvait faire
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1877.
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