M.„ miracle que nous n’eussions touché nulle p a r t , ui perdu d'an-
' ' cres ou de grelins par un fond hérissé de coraux, et ayant eu à
lutter contre des circonstances aussi défavorables.
Le irrelin de Gomotou acheté à Amboine C* nous a rendu les
plus grands services; dans cette circonstance critique j'ai été à
même d’apprécier à toute leur valeur ces utiles cordages. Leur
extrême légèreté leur donne un grand avantage sur ceux de
cb auv re, sans rien leur enlever en solidité ni en flexibilité. Je
ue saurais trop eu recommander l’emploi aux capitaines appelés
à faire des voyages semblables à celui de lA s tro la b e , et qui
auraient focca sion de s’en procurer aux Moluques ou à Java.
Jje leudemalu 2, comme il faisait calme p la t, à six b eures du
inatin, je partis dans la yole pour aller reconnaître la partie du
bassin où nous serions le mieux placés et le plus à proximité de
toute espèce de ressources. Après avoir franchi une seconde
passe, formée par les brisants de f ile Mauevai et un ré c if qui
s’étend au large de la côte opposée, je trou v a i, eu m’enfonçant
vers le S ., un bâvre très-sûr avec i 5 à 20 brasses de fond,
derrière f ile Manevai. Le brisant op])Osé défendait ce bassin
contre les boules de la baie extérieure, e t , pour ne rien laisser
à désirer, la jolie rivière de Mangadai venait se jeter à la mer,
précisément en cet endroit.
Je retournai à b o rd , les ancres furent sur-le-champ dérapées;
e t, à faide des avirons de galère et de trois canots de l ’avant,
nous atteignîmes, en moins de deux heures, le paisible mouillage
de Mangadai; V A strolabe, affourchée E. et O . , se trouva par
20 brasses vase, à 1 1/2 câble de la vase qui bordait la côte de
Mangada i, et à 2 câbles du jilatcau des huîtres sur lequel sont
assis l ’ile Manevai et l’ilot des Mangliers.
Le plateau des huîtres se joint aux récifs qui bordent la côte
S. du h a v re , de sorte que de basse mer on peut aller de l ’ile
Manevai â la grande terre. La vase recouvre le corail dans
beaucoup d’endroits, et une quantité de petites huîtres sont
attachées aux rochers.
L’eutrée du bâvre Mangadai a moins de 2 câbles de laro-eur,
eutre le plateau du Mausolée et file des Mangliers; il s’eui'once
ensuite vers le S. l’espace de |)lus d’un demi-mille, en conservant
uue largeur de 4 encâblures et uu foud de vase régulier de
25 à 3o brasses ; puis il se dirige vers fE . au S. de l ’ile Manevai,
le fond se maiiitenaut à 20 et 15 brasses, et sa largeur à 2 encâblures,
A marée h au te , son étendue parait beaucouji plus
considérable, et il semble ne fa ire, avec la baie Manevai, qu’un
seul bassin, au milieu duquel s’élevaient f ile M anevai et l ’ilot des
Mangliers. Mais la mer, eu se re tiran t, laisse à découvert une
large plage de vase et corail, de laquelle s’élève uue vapeur
suffocante lorsque le soleil darde dessus.
Une fois en sûreté au mouillage de Mangadai, j ’envoyai la
yole visiter la rivière du même nom, dont nous n'étions pas â
plus de deux encâblures; a|irès l ’avoir remontée jusqu’à une
certaine distance, elle en trouva l ’eau potable et très-facile à
fa ire , découverte qui uous a été for t agréable. Le bois à
brûler pouvait se faire tout près du rivag e, et rieu ne nous
obligeant de retourner dans la baie de T e v a i, uous établîmes
notre observatoire sur la rive droite et à l ’embouchure de la
rivière.
Le plateau du Mausolée borne au N. le bâvre Mangadai,
et il est séparé des récifs de la côte par uu chenal de quebpies
toises de largeur ; c’est un plateau de corail mêlé de sable et de
vase, quelques touffes de mangliers ont poussé vers le milieu,
et c est la seule partie qui ne soit pas entièrement couverte â
marée haute; ce fut au milieu de ces mangliers que uous élevâmes,
a la mémoire de nos infortunés compatriotes, uu m ausolée
modeste, mais suffisant du moins pour attester notre
passage à Van ik o ro , nos efforts et l ’amertume de nos regrets,
Voyage de ¡Astrolabe. j
Mar»
182?.