craindre des hauts-fonds; enfin, le courant nous portait visi-
Idement sur la te rre , bien que je fisse tous mes efforts pour
serrer le vent. Il fallut v irer de bord et reprendre les amures
à tr ib o rd , au risque d etre forcé contre la côte si le vent
eût varié ou molli ; par bonheur il se soutint au S ., et à
5 heures 1/2 nous uous retrouvions à 6 lieues au S . du cap
O rford, à peu près au même point oû la station du matin
avait eu lieu.
La nuit a encore été fort mauvaise, et le 25 au jo u r , après
avoir revu le cap Orford à 25 milles dans le N .N .O . , nous
laissâmes porter de nouveau pour nous rapprocher de la
terre. Les nuages qui la couvraient s’éclaircirent un p eu , et
uous reconnûmes la partie de côte explorée la veille entre le
cap Orford et le cap Quoy.
A 8 heures on eut des angles horaires; le point le plus près
de nous était alors le cap Quoy, à 20 milles dans le N . 28” O. ;
¡1 est peu élevé, et n ’est remarquable que par le pic du
même nom qui se dessinait alors majestueusement sous la
forme d'un cône immense et fort régulier du côté de la mer. En
approchant, nous vimes daus l’O . de la p o in te , et près de
terre, une petite ile basse qui laissait échapper une fumée
annonçant l ’existence de créatures humaines.
Le cap Quoy forme la pointe N .E . du vaste enfoncement
qui a reçu le nom de baie Jacquinot; la pointe S .O . (cap
Cunnino'ham') en est à 6 lieues dans O é fO . S .O . Nous avons
estimé à environ 5 lieues la profondeur de cette baie vers
l’O . ; elle paraissait entourée de toutes parts de hautes montagnes,
et en coordonnant les travaux de M. d’Entrecasteaux
sur fa u tre cô te , avec les n ô tre s , ou voit qu’elle doit encore
singulièrement rétrécir la terre de la Nouvelle-Bretagne dans
cette partie.
A midi, on a fait une station, et on a obtenu la latitude.
Nous étions par 5" 45' lat. S., et 149° 21' long. E. Partis depuis
6 jours du havre Ca rte re t, nous en étions à 86 milles dans
le S .O . , et nous avions fait plus de 400 milles de chemin
pour atteindre ce point.
A I heure après m id i, nous n’étions plus qu’à 3 lieues à
l ’E . du cap Cunningham ; c’est une terre avancée, de médiocre
hauteur , et que l’on peut prendre d’abord pour une ile. La
dernière pointe en vue reçut le nom de cap I»ütke; il était à 7
lieues dans l’O . 1/4 S . O. La prudence me força de reprendre
les amures â tribord pour ne pas rester affalé sur ces côtes
inconnues.
En e ffe t, le courant nous entraînait au N . O ., ce qui semblerait
indiquer qu’il existe en cet endroit un passage, ou tout
au moins un canal qui pénètre fort avaut dans les terres. Tout
en serrant le vent tr ib o rd , la corvette fut portée jusqu’à 2
lieues du cap Quoy, et passa sur la limite des eaux décolorées
déjà observées la veille.
Cette considération me détermina â prolonger long-temps
la bordée du la r g e , et ce ne fut q ü à une beure après minuit
que nous reprimes celle de terre.
Le 26, au jour, le cap Orford a été revu au N ., éloigné de nous
de 25 milles; et nous avons passé devant la baie Jacquinot, prolongeant
la côte à la distance de 18 milles. Mais les grains sont
si fréquents et si violents; la brume est tellement persistante
sur les terres, qu’elles n’apparaissent q ü à rares intervalles
et de la manière la plus incomplète. Le pic Quoy s’est montré
un instant dans la matinée, puis son sommet est resté constamment
enveloppé de nuages impénétrables.
Le matin, on a réussi à obtenir des angles horaires; à midi,
on a eu la latitude ; nous étions alors à 6 lieues dans le S . du
cap Cunniugham. On distinguait confusément le cap Lütke
qui en est à i 5 milles dans l ’O . 28° S .; la côte paraissait
Voyage de ¡Astrolabe. *^5
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