La longueur ordinaire du venimeux est depuis six
jusqu’à dix décimètfes, et par conséquent très-considérable.
Il a été regardé comme renfermant un poison
dangereux; et de là vient le nom spécifique qu’il porte.
Mais il paroît qu’il n’est pas venimeux ou malfaisant
dans toutes les contrées ni dans toutes les saisons où
on le pêche , et par conséquent, qu’il ne doit ses qualités
funestes qu’à la nature des alimens qu’il préfère
dans certaines circonstances, et qui, innocens pour ce
tlioracin, sont mortels pour l’homme ou pour plusieurs
animaux. Cet osseux est dès-lors un nouvel exemple de
ce que nous avons dit dans notre Discours sur la nature
des poissons, de l’essence et de l’origine de leurs sucs
vénéneux ; mais il n’en doit pas moins être l’objet de
l’examen le plus attentif , ou plutôt des épreuves les
plus rigoureuses, avant qu’on ne puisse avec prudence
se nourrir de sa chair, dont il sera toujours
bien plus sûr de se priver.
La patrie du salin est le Brésil. Ce spare , dont
Marcgrave et le prince Maurice de Nassau ont laissé
chacun un dessin, a la tête petite, la couleur générale
d’un bleu argenté , toutes les nageoires jaunes
ou dorées, des intestins très-larges, un ovaire très-
grand, et une longueur de trois ou quatre décimètres.
Il quitte la mer au printemps pour remonter dans
les rivières, et ne revient dans l’Océan que vers la fin
de l’automne.
Le jub habite le Brésil comme le salin. La nuque de
ce poisson est très-relevée; son dos d’un violet noirâtre
; et chacune de ses nageoires variée de jaune et
d’orangé. Ce spare devient deux fois plus grand que le
salin; mais il ne monte pas, comme ce dernier, dans
les rivières. Il s’arrête entre les rochers voisins des
embouchures des fleuves; il y passe même très-souvent
l’hiver; et on j pêche un nombre, d’autant plus
grand d’individus de cette espèce, que la chair du
jub est très-bonne à manger, et que celle des joues
de cet osseux, ainsi que de sa langue, a été regardée
comme une nourriture des plus délicates. Le prince
Maurice a fait un dessin de ce spare ; on en trouve un
autre, mais mauvais , dans Marcgrave, qui en a donné
aussi une description. Le dessin de Marcgrave a été
copié par Pison ; sa description par Willughbj : l’un
et l’autre l’ont été par Jonston et par Ruysch. Bloch a
publié le dessin du prince Maurice *.
* 2o rayons à la caudale du spare venimeux.
13 rayons à chaque nageoire pectorale du salin.
i rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoradine.
i 5 rayons à la nageoire de la queue.
12 rayons à chaque nageoire pectorale du jub.
i rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine.
J7 rayons à la caudale.
5 rayons à la membrane branchiale du mélanote*
14 rayons à chaque nageoire pectorale.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoraciné.
18 rayons à la nageoire de la queue.