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plusieurs pêches. Leur chair est souvent maigre , coriace
et insipide. Cependant | lorsque les ruendoles se
sont engraissées, leur goût n’est pas désagréable; et
l’on dit que les femelles remplies d’oeufs sont, dans
certaines circonstances, assez bonnes à manger. Il est
des endroits dans la mer Adriatique , et particulièrement
auprès de Venise, où l’on en prend à la ligne,
ou au filet, une si grande quantité , qu’on les vend par
monceaux, et qu’on en fait saler un très-grand nombre.
Dioscoride a prétendu que la sauce et la saumure de
la mendole, prises intérieurement, ou seulement appliquées
sur le ventre, avoient une vertu purgative ;
et de cette assertion viennent quelques dénominations
bizarres rapportées dans la première note de cet
article, et employées pour désigner les mendoles par
les Allemands, les Hollandois et les Anglois.
Au reste, ces spares n’ont ordinairement que deux
décimètres de longueur. Leur péritoine est noir, leur
pylore garni de quatre cæcums, et leur vésicule natatoire
attachée aux côtes.
Ajoutons que les mâles de l’espèce que nous examinons,
présentent fréquemment des nuances ou reflets
noirâtres, sur-tout sur les nageoires et les opercules,
pendant que les femelles sont encore pleines, et que
dès le temps d’Aristote ils recevoient des Grecs, à
cette époque de l’altération de leurs couleurs en noirâtre
ou en noir, le nom de boucs (rpoeyoi). Nous avons
vu dans l’article du sargue, qu’Élien a parié d’un
prétendu amour de ces derniers poissons pour les
chèvres. On pourrait trouver l’origine de cette croyance
ridicule dans quelques contes absurdes substitués
mal-adroitement par l’ignorance à une opinion peut-
être fausse, mais que l’on ne pourrait pas regarder au
moins comme très-invraisemblable. L’espèce du sargue
et celle de la mendole ont tant de rapports l’une avec
l’autre, que des mâles de la première peuvent très-
bien , dans la saison du frai, rechercher les oeufs pondus
par les femelles de la seconde, et ces femelles
elles-mêmes. Cette habitude aura été observée par les
anciens Grecs, qui dès-lors auront parlé de l’affection
des sargues pour les mendoles femelles. Ces mendoles
femelles auront été désignées par eux sous le nom de
chèvres1, comme les mendoles mâles l’étoient sous celui
de boucs) et dans un pays ami du merveilleux, et où
l’histoire de la Nature étoit perpétuellement mêlée
avec les créations de la mythologie et les inventions
des poètes, on aura bientôt dit et répété que les
sargues avoient une sorte d amour assez violent, non
pas pour des mendoles appelées chèvres, mais pour les
véritables chèvres- que l’on conduisoit dans les gras
pâturages arrosés par la mer.
Le spare argenté, que Houttuyn a fait conuoître,
n’est ordinairement long que de deux décimètres;
et son épaisseur est à proportion plus considérable que
celle de la dorade, à laquelle on l’a comparé.
Le corps et la queue du hurta sont hauts et compri